Devra-t-on bientôt s'inquiéter en cas d'infection et se demander si les antibiotiques (AB) vont fonctionner ? On le sait, l'antibiorésistance va croissant et si on n'y prend garde, on risque de revenir aux années 30 quand des infections, aujourd'hui devenues banales, étaient souvent fatales. Actuellement, il n'est plus rare de voir des patients souffrant d'une infection courante (prostatite, pyélonéphrite...) avec des Escherichia coli résistant à tous les antibiotiques disponibles par voie orale.

Réduction des fractures osseuses, opérations chirurgicales de base, chimiothérapie, santé animale... La médecine moderne dépend fortement des antibiotiques, c'est pourquoi les campagnes de prévention insistent pour réduire leur utilisation inutile, afin de ralentir la montée de cette résistance.

Anges gardiens

La campagne " Antibiotic Guardians " incite tout le monde, grand public, agriculteurs et communauté vétérinaire et médicale, à devenir des " Gardiens d'un usage correct des antibiotiques ".

Elle appelle notamment les pharmaciens à s'engager sur 4 points :

1. vérifier la conformité des prescriptions d'antibiotiques aux directives locales ;

2. quand un patient se présente avec une infection pulmonaire de type mal de gorge, toux, grippe, rhume, lui expliquer le déroulement naturel de la maladie et la manière de traiter les symptômes ;

3. pour toute prescription comportant des antibiotiques, informer le patient sur la dose et la durée ainsi que sur la manière précise de prendre ces AB correctement et de rapporter à la pharmacie les AB non consommés afin qu'ils soient éliminés en toute sécurité;

4. lorsque des patients viennent chercher une prescription pour des antibiotiques, les encourager à participer à la campagne 'Antibiotic Guardians'.

Le public est en effet aussi invité à prendre une part active dans cette action de sensibilisation. Il lui est ainsi suggérer de ne pas demander d'antibiotiques au médecin, notamment en cas de grippe, mal de gorge, toux ou rhume, mais de se tourner vers le pharmacien pour qu'il lui explique comment soulager ces symptômes. De même, si le vaccin contre la grippe lui est proposé, il lui est recommandé de l'accepter.

Le deuxième conseil est d'utiliser les AB exactement comme prescrits, de ne jamais les garder pour plus tard et de ne jamais les donner à quelqu'un d'autre. Et, enfin, de passer le mot à leurs amis et famille, du bon usage de ces médicaments.

Une attention particulière est portée aux étudiants (sensibilisation générale, notamment à l'hygiène des mains) et aux enseignants à qui on demande de parler de la résistance aux AB dans les cours de science (via le site de la BAPCOC, e-Bug.eu) et à encourager les élèves à devenir eux aussi les anges gardiens des antibiotiques. Les agriculteurs-éleveurs et même les propriétaires d'un animal de compagnie sont visés par des messages ciblés.

Précieux antibios

Cette campagne s'inscrit dans le cadre de la Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques, organisée par l'OMS, chaque année en novembre depuis 2015. Le thème général vise à inciter à manipuler les AB avec précaution. Il s'agit surtout d'améliorer la sensibilisation et la compréhension du phénomène de résistance aux antimicrobiens, de renforcer la surveillance et la recherche, de réduire l'incidence des infections, d'optimiser l'usage des agents antimicrobiens et de consentir des investissement durables pour combattre cette résistance.

Le bon vieux slogan "les antibiotiques c'est pas automatique" est toujours d'actualité et résume également bien le message de santé publique.

Comme un monde sans drogue n'est pas possible, un monde sans microbes non plus. Nous devons donc apprendre à vivre avec et, dans cette optique, le respect des règles d'hygiène est essentiel, en veillant de ne pas céder aux sirènes du tout à l'antiseptique (autre dérive actuelle).

Certains vont plus loin dans l'idée d'une sanctification des antibiotiques : ils sont utilisés comme les autres médicaments, alors qu'ils sont très différents et qu'ils devraient plutôt être inscrits au patrimoine mondial de l'humanité. Au lieu de ça, on continue tous les jours à les galvauder. Au rang des outils envisagés, il y a l'amélioration du diagnostic des maladies infectieuses (tests rapides), la délivrance à l'unité qui permettrait d'éviter gaspillage et mauvais usage (automédication) ou encore, si la valeur d'une chose est liée à son prix, les vendre beaucoup plus chers.

antibioticguardian.com

who.int

BAPCOC, plan stratégique 2014-2019

usagecorrectantibiotiques.be

antibiotic.ecdc.europa.eu

L'Europe veut ralentir l'antibiorésistance

Le Parlement européen a adopté le 25 octobre dernier une nouvelle réglementation limitant l'utilisation des antibiotiques dans les élevages afin d'exclure les bactéries résistantes aux médicaments de la chaîne alimentaire humaine. Elle vise également à réserver certains antibiotiques aux humains et à encourager l'innovation. Enfin, les aliments importés devront être conformes aux normes de l'UE et les AB ne pourront pas être utilisés pour favoriser la croissance des animaux.

Cet accord doit à présent être adopté par le Conseil, avant publication au Journal officiel.

www.europarl.europa.eu

Quinolones et fluoroquinolones : usage restreint

Début octobre, le Comité dévaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l'EMA a rendu son verdict concernant le recours aux AB de la famille des quinolones et des fluoroquinolones : les premières doivent être retirées du marché (parce qu'elles sont souvent prescrites pour des infections qui ne devraient pas être traitées avec ou pour lesquelles il existe des alternatives moins dangereuses) et les secondes sont soumises à de sévères restrictions (plus en cas de maux de gorge, de gastro-entérite ou d'infections urinaires des voies basses, ni pour les personnes ayant déjà subi des effets secondaires après la prise de ces deux substances). A présent, ces conclusions vont être envoyées au Comité des médicaments à usage humain de l'EMA pour statuer définitivement.

www.ema.europa.eu

Devra-t-on bientôt s'inquiéter en cas d'infection et se demander si les antibiotiques (AB) vont fonctionner ? On le sait, l'antibiorésistance va croissant et si on n'y prend garde, on risque de revenir aux années 30 quand des infections, aujourd'hui devenues banales, étaient souvent fatales. Actuellement, il n'est plus rare de voir des patients souffrant d'une infection courante (prostatite, pyélonéphrite...) avec des Escherichia coli résistant à tous les antibiotiques disponibles par voie orale.Réduction des fractures osseuses, opérations chirurgicales de base, chimiothérapie, santé animale... La médecine moderne dépend fortement des antibiotiques, c'est pourquoi les campagnes de prévention insistent pour réduire leur utilisation inutile, afin de ralentir la montée de cette résistance.La campagne " Antibiotic Guardians " incite tout le monde, grand public, agriculteurs et communauté vétérinaire et médicale, à devenir des " Gardiens d'un usage correct des antibiotiques ".Elle appelle notamment les pharmaciens à s'engager sur 4 points :1. vérifier la conformité des prescriptions d'antibiotiques aux directives locales ;2. quand un patient se présente avec une infection pulmonaire de type mal de gorge, toux, grippe, rhume, lui expliquer le déroulement naturel de la maladie et la manière de traiter les symptômes ;3. pour toute prescription comportant des antibiotiques, informer le patient sur la dose et la durée ainsi que sur la manière précise de prendre ces AB correctement et de rapporter à la pharmacie les AB non consommés afin qu'ils soient éliminés en toute sécurité;4. lorsque des patients viennent chercher une prescription pour des antibiotiques, les encourager à participer à la campagne 'Antibiotic Guardians'.Le public est en effet aussi invité à prendre une part active dans cette action de sensibilisation. Il lui est ainsi suggérer de ne pas demander d'antibiotiques au médecin, notamment en cas de grippe, mal de gorge, toux ou rhume, mais de se tourner vers le pharmacien pour qu'il lui explique comment soulager ces symptômes. De même, si le vaccin contre la grippe lui est proposé, il lui est recommandé de l'accepter.Le deuxième conseil est d'utiliser les AB exactement comme prescrits, de ne jamais les garder pour plus tard et de ne jamais les donner à quelqu'un d'autre. Et, enfin, de passer le mot à leurs amis et famille, du bon usage de ces médicaments.Une attention particulière est portée aux étudiants (sensibilisation générale, notamment à l'hygiène des mains) et aux enseignants à qui on demande de parler de la résistance aux AB dans les cours de science (via le site de la BAPCOC, e-Bug.eu) et à encourager les élèves à devenir eux aussi les anges gardiens des antibiotiques. Les agriculteurs-éleveurs et même les propriétaires d'un animal de compagnie sont visés par des messages ciblés.Cette campagne s'inscrit dans le cadre de la Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques, organisée par l'OMS, chaque année en novembre depuis 2015. Le thème général vise à inciter à manipuler les AB avec précaution. Il s'agit surtout d'améliorer la sensibilisation et la compréhension du phénomène de résistance aux antimicrobiens, de renforcer la surveillance et la recherche, de réduire l'incidence des infections, d'optimiser l'usage des agents antimicrobiens et de consentir des investissement durables pour combattre cette résistance.Le bon vieux slogan "les antibiotiques c'est pas automatique" est toujours d'actualité et résume également bien le message de santé publique.Comme un monde sans drogue n'est pas possible, un monde sans microbes non plus. Nous devons donc apprendre à vivre avec et, dans cette optique, le respect des règles d'hygiène est essentiel, en veillant de ne pas céder aux sirènes du tout à l'antiseptique (autre dérive actuelle).Certains vont plus loin dans l'idée d'une sanctification des antibiotiques : ils sont utilisés comme les autres médicaments, alors qu'ils sont très différents et qu'ils devraient plutôt être inscrits au patrimoine mondial de l'humanité. Au lieu de ça, on continue tous les jours à les galvauder. Au rang des outils envisagés, il y a l'amélioration du diagnostic des maladies infectieuses (tests rapides), la délivrance à l'unité qui permettrait d'éviter gaspillage et mauvais usage (automédication) ou encore, si la valeur d'une chose est liée à son prix, les vendre beaucoup plus chers.