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Comme précédemment dans le débat sur l'alcool, la publicité a donc à nouveau le mauvais rôle - une image qui, avouons-le, lui assure bien plus d'attention que ne le justifieraient sa force et son impact propres. Test-Achats part en effet du principe que les consommateurs se laissent docilement influencer par la publicité, qui les pousserait à se précipiter immédiatement à la pharmacie, mais il est clair que la réalité est bien différente. Un spot pour le Motilium ou le Gaviscon suscite-t-il vraiment chez quiconque une envie irrépressible de pousser la porte de l'officine la plus proche ? Si c'était le cas, les publicitaires feraient des bonds de joie jusque dans la couche d'ozone !Ce pouvoir, la publicité ne l'a pas. Ne fût-ce que pour cela, il serait stupide de vouloir interdire toute réclame pour les médicaments non soumis à prescription, d'autant que celle-ci est déjà soumise à une législation spécifique visant à favoriser l'usage rationnel de ces produits (loi du 25 mars 1964 sur les médicaments et arrêté royal du 7 avril 1995 concernant l'information et la publicité pour des médicaments à usage humain). Une législation qui est, de surcroît, extrêmement stricte.Bref. La publicité permet à un produit de se faire (mieux) connaître, de se faire un nom que le patient reconnaîtra lorsque le médecin le lui prescrit ou que le pharmacien le lui délivre. L'information, au contraire, a pour but de veiller à ce que ce médicament soit ensuite correctement utilisé... et sur ce plan, un rôle important est dévolu aux médecins et aux pharmaciens, à qui il revient justement d'apporter à leurs patients une information complète, correcte, objective, à jour et, surtout, impartiale. Cette information revêt une importance cruciale, et c'est justement là que le bât blesse au point que même un pansement Compeed ne suffirait plus à en soulager la douleur. Médecins et pharmaciens ne se soumettent en effet que trop volontiers à la demande des patients de leur prescrire ou de leur délivrer un médicament : plus que jamais, le client est roi chez les prestataires de soins. Votre pharmacien vous refuserait-il votre Voltaren ("bouger redevient un plaisir") ou votre Bisolvon ("la solution classique en cas de toux grasse") ? J'en doute ! Plus important, vous informe-t-il des éventuels effets secondaires ? Votre dira-t-il que - pour citer Test-Achats - "sucer un simple bonbon soulage les maux de gorge presque aussi efficacement qu'un Strepfen" ? Il y a fort à parier que non, puisque le médecin et le pharmacien aussi sont enclins à fidéliser leurs patients, à satisfaire leurs demandes... et c'est bien pour cela que réclame et information devraient être administrées de concert. Il n'en faut pas plus pour faire fondre les effets indésirables de la publicité comme neige au soleil !