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Les chercheurs américains ont criblé 4 385 petites molécules dans une lignée cellulaire cochléaire et identifié dix composés qui, dans les explants cochléaires de souris, protègent les cellules auditives de l'oreille interne contre la toxicité du cisplatine, médicament anticancéreux connu pour entraîner une perte auditive irréversible chez environ 70% des patients.Parmi ces composés, la kenpaullone, un inhibiteur des kinases multiples, en ce compris la kinase cycline-dépendante 2 (CDK2), protège les souris et rats adultes contre la perte auditive causée in vivo par le cisplatine et le bruit, lorsqu'elle est administrée localement.En pratique, le neurologue Jian Zuo et ses collègues ont constaté qu'injecter de la kenpaullone dans l'oreille moyenne protège l'ouïe des souris jusqu'à 100 décibels, un niveau couramment rencontré par les personnes dans notre société. Ils montrent aussi, dans le cas de la perte auditive induite par le cisplatine, que la kenpaullone semble protéger les cellules ciliées en empêchant la CDK2 de stimuler la production de formes toxiques réactives de l'oxygène à partir des mitochondries des cellules.Ces observations pourraient entraîner des modifications du schéma thérapeutique. "De telles modifications ainsi qu'une optimisation des méthodes de délivrance de la kenpaullone via l'utilisation d'hydrogels et des changements structurels des composés via la chimie médicinale pourraient donner des résultats encore meilleurs dans le traitement de la perte auditive chez les humains en association avec les inhibiteurs de CDK2," a conclu le Dr Zuo.Selon l'OMS, la perte auditive touche environ 360 millions de personnes dans le monde.(référence : Journal of expérimental Medicine, 7 mars 2018, DOI : 10.1084/jem.20172246)