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L'évolution de la situation économique dans le monde de la santé est souvent décalée de deux ans par rapport aux crises économiques. En effet, en cas de crise, comme celle de 2008 (sub-prime et bancaire), l'Etat a d'abord tendance à " laisser ouvert le robinet " et ce, afin de ne pas aggraver le mouvement négatif. De même les grosses entreprises doivent mettre en £uvre des plans d'économie qui prennent souvent, de par leur inertie, quelques mois à produire leurs premiers effets. Les licenciements et réductions diverses interviennent donc entre 6 et 12 mois après le début d'une crise. Ces évolutions entrainent de facto une augmentation des coûts sociaux. Après 24 mois, l'Etat se trouve alors contraint de limiter ses dépenses et donc... d'aller chercher l'argent là où il y en reste. 2010 vs 2011 En 2010, nous n'avons pas connu ce resserrement budgétaire. La raison est simple : nous n'avions pas de gouvernement. Par contre, l'officine a bien ressenti les effets des plans de rigueur de l'industrie pharmaceutique. Croissance du chiffre d'affaires (CA) en berne (-1,09 %), mais heureusement nouvelle rémunération et stabilisation du bénéfice brut. Est-ce positif ? Dans un monde d'inflation, ce n'est malheureusement pas suffisant. La pharmacie touchée Mais quel est l'impact réel sur le secteur de la pharmacie ? Sur base d'un échantillon de 170 officines francophones, on remarque les tendances suivantes sur les neufs premiers mois de 2011 : une baisse de 1,66 % du chiffre d'affaires, une marge brute (hors ristourne client et fournisseur) en baisse elle aussi de 2,99 %, essentiellement due à l'augmentation des stocks des pharmacies pour cause de non-vente des produits d'été. Cette baisse est à ce jour encore théorique. En effet, elle considère une perte par péremption sur ces produits. Si vous commandez bien en 2012 et que vous arrivez à " sortir " ces stocks, la marge nette (ristournes incluses) sera par contre encore stable : + 0,08 %. Bref, à vos stocks ! Au menu de 2012 Il n'y a pas photo : en 2012, il faudra se serrer la ceinture. Car cette nouvelle année est synonyme de quelque 11,3 milliards d'économies, auxquels va s'ajouter 1,5 milliard lors du conclave de février pour cause de croissance plus faible que prévue. Et 425 millions d'effort dans le domaine de la santé. Baisse du prix des médicaments (154 millions d'euros), obligation de délivrer le produit le moins cher, gel de l'indexation des honoraires (122 millions d'économies), délivrance des homes par les hôpitaux, réapparition de la " ristourne ticket modérateur " sur les ristournes faites aux pharmacies par les " génériqueurs "... Tout un ensemble de mesures impactant directement l'officine. Sans compter que 2012 entrainera d'autres mesures mises en place par l'Etat et qui impacteront également le pharmacien (à lire dans la seconde partie de ce dossier dans l'édition du 27 février prochain). Et après ? Et après... nul n'est prophète. Le Groupe Celesio a fermé ou cédé 12 de ces officines en décembre dernier. Le forfait, qui est devenu inintéressant, forcera les pharmaciens à des changements ou à en accepter le coût. La difficulté du métier contraindra les pharmaciens à se regrouper et à fusionner, ce qui nous semble être une solution d'avenir pour tous. Il faudra trouver d'autres marges. Le nouveau système qui protège le pharmacien des baisses de prix n'est pas responsable de la baisse de consommation et ne protège donc pas le pharmacien de la baisse de ses ventes. Ainsi le " cash " n'augmente pas, alors que l'inflation (indice santé) a augmenté de 5,9 % en deux ans. Le pouvoir d'achat des pharmaciens propriétaires est donc bien en baisse.