Le journal du médecin a interviewé le géologue qui dans les années 50 a réalisé pas moins de 2000 recherches innovantes dans les deux pôles.

Tony Van Autenboer
© Tony Van Autenboer

"Where wise men dare not tread !" C'est le titre de l'oeuvre de Tony Van Autenboer dans lequel sont rassemblées toutes les recherches des expéditions belges vers l'Antarctique de 1957 à 1970. Autenboer a sélectionné des scientifiques, mais également des explorateurs. Le légendaire Wim Offeciers, journaliste scientifique à l'ancienne BRT, a consacré plusieurs reportages sur cet homme et son travail.

De juillet 1957 jusqu'en décembre 1958, durant l'année géophysique internationale, Gaston de Gerlache, le fils du premier explorateur de l'Antarctique, Adrien de Gerlache, prend la relève de son père et réalise quelques 2.000 kilomètres avec des huskys. Mais le jeune chercheur Van Autenboer est aussi fasciné par les films du célèbre vulcanologue belgo-franco-polonais Haroun Tazieff, qui faisait le lien entre science et aventure.

Fin 1958, Tony Van Autenboer part à son tour en Antarctique pour une inoubliable aventure dont les détails restent encrés dans sa mémoire. " Avec Ken Blaiklock nous avons exploré les montagnes de Sor-Rondane. Blaiklock était le premier après Amundsen à avoir atteint le pôle sud en traîneau. Il fit aussi partie de l'expédition avant-gardiste Trans-Antarctique de Sir Vivian Fuchs, les premiers explorateurs à réaliser la traversée du continent Antarctique", raconte le professeur Van Autenboer.

"Aujourd'hui les chercheurs se déplacent avec des scooters de neige sur la glace. Nous - heureusement - nous pouvions encore nous débrouiller avec les chiens

(rire). Avant, il fallait calculer très précisément le nombre de jours que durerait le séjour. Et selon la durée du voyage, la quantité de nourriture pour les chiens à prévoir. Durant plus de six mois, nous avons traversé les montagnes de

Tony Van Autenboer
© Tony Van Autenboer

Sor-Rondane où personne n'avait jamais mis les pieds."

Van Autenboer, aujourd'hui complètement rétabli, nous raconte : "parfois nous observions des températures de -50 à -60 C°. Les huskys ne trouvaient pas mieux - en guise de refuge - que de se laisser enneiger durant le blizzard. Quand la neige s'arrêtait, ils ressortaient de nouveau de l'enneigement et revenaient vers nous.

Depuis la base roi Baudouin, nous avions plus de 2000 kilomètres à notre compteur.

Lors de ma première expédition, je suis resté deux ans et demi en Antarctique. Ce fut une expérience mémorable, au niveau scientifique aussi. Nous ne savions rien à cette époque sur les glaciers et les roches de cette partie de l'Antarctique. Chaque jour, nous faisions de nouvelles découvertes. Chaque sommet que nous escaladions était, en jargon alpiniste "une première".

La débâcle actuelle

Tony Van Autenboer retournera encore quelques fois dans les années 60 en Antarctique. "En tout, j'aurai passé près de cinq ans de ma vie là-bas." Il a aussi suivi depuis le début et avec une attention particulière, l'évolution de la recherche scientifique belge en Antarctique "Quand je parle aujourd'hui du pôle sud, on me fait surtout des sourires sarcastiques et des commentaires ", raconte-t-il avec regret. "Des histoires de conflit d'intérêt, de corruption, de sabotages, de pillages, des astreintes, le tout lié intimement à une affaire juridique. Tout cela endommage la réputation des recherches scientifiques. L'apport belge dans un tel projet international peut ne plus être garanti. Et c'est très préjudiciable pour les recherches qui demandent des observations en continu. Nos diplomates, nos représentants belges peuvent-ils encore avoir un avenir crédible en tant qu'administrateur, organisateur pratique et entrepreneur de l'observatoire de la recherche dans le Traité de l'Antarctique ? Leurs litiges au tribunal doivent-ils être résolus? Heureusement, une chose inattendue est apparue assez soudainement, une Déesse ex machina, la base princesse Elisabeth, a été de nouveau opérationnelle dans le réseau d'observation sur le 6e continent."

Le Pôle Nord

Le Pôle Nord n'a plus de secret non plus pour Tony Van Autenboer. Il a passé entre autre six mois à faire des recherches sur l'île de Spitsberg où il a dû protéger ses réserves mais aussi lui-même contre les icebergs. Au Groenland aussi, il a pu collaborer durant deux étés avec une université danoise et la Fondation Nationale scientifique américaine pour la recherche sur la cornée de glace de la calotte glacière.

Durant la croisière du journal du Médecin/ Artsenkrant - Le pharmacien/apothekerau Groenland et en Islande, Tony Van Autenboer entretiendra les voyageurs avec ses récits, durant lesquels il parlera, entre autre des différences et des conventions des deux pôles.Il exposera et racontera son expérience vécue pendant ses explorations et pendant les sombres mois d'hiver passé à la base roi Baudouin. "Tout cela avec des photos et beaucoup de nostalgie", termine le professeur Van Autenboer.

Tony Van Autenboer
© Tony Van Autenboer
Le journal du médecin a interviewé le géologue qui dans les années 50 a réalisé pas moins de 2000 recherches innovantes dans les deux pôles."Where wise men dare not tread !" C'est le titre de l'oeuvre de Tony Van Autenboer dans lequel sont rassemblées toutes les recherches des expéditions belges vers l'Antarctique de 1957 à 1970. Autenboer a sélectionné des scientifiques, mais également des explorateurs. Le légendaire Wim Offeciers, journaliste scientifique à l'ancienne BRT, a consacré plusieurs reportages sur cet homme et son travail.De juillet 1957 jusqu'en décembre 1958, durant l'année géophysique internationale, Gaston de Gerlache, le fils du premier explorateur de l'Antarctique, Adrien de Gerlache, prend la relève de son père et réalise quelques 2.000 kilomètres avec des huskys. Mais le jeune chercheur Van Autenboer est aussi fasciné par les films du célèbre vulcanologue belgo-franco-polonais Haroun Tazieff, qui faisait le lien entre science et aventure. Fin 1958, Tony Van Autenboer part à son tour en Antarctique pour une inoubliable aventure dont les détails restent encrés dans sa mémoire. " Avec Ken Blaiklock nous avons exploré les montagnes de Sor-Rondane. Blaiklock était le premier après Amundsen à avoir atteint le pôle sud en traîneau. Il fit aussi partie de l'expédition avant-gardiste Trans-Antarctique de Sir Vivian Fuchs, les premiers explorateurs à réaliser la traversée du continent Antarctique", raconte le professeur Van Autenboer."Aujourd'hui les chercheurs se déplacent avec des scooters de neige sur la glace. Nous - heureusement - nous pouvions encore nous débrouiller avec les chiens (rire). Avant, il fallait calculer très précisément le nombre de jours que durerait le séjour. Et selon la durée du voyage, la quantité de nourriture pour les chiens à prévoir. Durant plus de six mois, nous avons traversé les montagnes de Sor-Rondane où personne n'avait jamais mis les pieds."Van Autenboer, aujourd'hui complètement rétabli, nous raconte : "parfois nous observions des températures de -50 à -60 C°. Les huskys ne trouvaient pas mieux - en guise de refuge - que de se laisser enneiger durant le blizzard. Quand la neige s'arrêtait, ils ressortaient de nouveau de l'enneigement et revenaient vers nous. Depuis la base roi Baudouin, nous avions plus de 2000 kilomètres à notre compteur.Lors de ma première expédition, je suis resté deux ans et demi en Antarctique. Ce fut une expérience mémorable, au niveau scientifique aussi. Nous ne savions rien à cette époque sur les glaciers et les roches de cette partie de l'Antarctique. Chaque jour, nous faisions de nouvelles découvertes. Chaque sommet que nous escaladions était, en jargon alpiniste "une première".La débâcle actuelleTony Van Autenboer retournera encore quelques fois dans les années 60 en Antarctique. "En tout, j'aurai passé près de cinq ans de ma vie là-bas." Il a aussi suivi depuis le début et avec une attention particulière, l'évolution de la recherche scientifique belge en Antarctique "Quand je parle aujourd'hui du pôle sud, on me fait surtout des sourires sarcastiques et des commentaires ", raconte-t-il avec regret. "Des histoires de conflit d'intérêt, de corruption, de sabotages, de pillages, des astreintes, le tout lié intimement à une affaire juridique. Tout cela endommage la réputation des recherches scientifiques. L'apport belge dans un tel projet international peut ne plus être garanti. Et c'est très préjudiciable pour les recherches qui demandent des observations en continu. Nos diplomates, nos représentants belges peuvent-ils encore avoir un avenir crédible en tant qu'administrateur, organisateur pratique et entrepreneur de l'observatoire de la recherche dans le Traité de l'Antarctique ? Leurs litiges au tribunal doivent-ils être résolus? Heureusement, une chose inattendue est apparue assez soudainement, une Déesse ex machina, la base princesse Elisabeth, a été de nouveau opérationnelle dans le réseau d'observation sur le 6e continent."Le Pôle NordLe Pôle Nord n'a plus de secret non plus pour Tony Van Autenboer. Il a passé entre autre six mois à faire des recherches sur l'île de Spitsberg où il a dû protéger ses réserves mais aussi lui-même contre les icebergs. Au Groenland aussi, il a pu collaborer durant deux étés avec une université danoise et la Fondation Nationale scientifique américaine pour la recherche sur la cornée de glace de la calotte glacière. Durant la croisière du journal du Médecin/ Artsenkrant - Le pharmacien/apothekerau Groenland et en Islande, Tony Van Autenboer entretiendra les voyageurs avec ses récits, durant lesquels il parlera, entre autre des différences et des conventions des deux pôles.Il exposera et racontera son expérience vécue pendant ses explorations et pendant les sombres mois d'hiver passé à la base roi Baudouin. "Tout cela avec des photos et beaucoup de nostalgie", termine le professeur Van Autenboer.