Selon l'enquête PRIM (Patient Reported Incident Measure) menée par la PAQS en collaboration avec trois mutualités, à Bruxelles et en Wallonie, 15,8% des patients hospitalisés ont déclaré au moins un événement indésirable dont 19,6% sont liés à des erreurs de médication.
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La Plateforme pour l'Amélioration continue de la Qualité des soins et de la Sécurité des patients (PAQS asbl) s'est donné pour objectif de réduire les dommages associés aux soins. Pour ce projet mené en collaboration avec l'OCDE, la PAQS et trois mutualités (Solidaris, Mutualité Chrétienne et Mutualités Libres) ont testé l'outil PRIM (Patient-reported incident measures) dans le système hospitalier belge francophone. Ce questionnaire d'expérience patient évalue sa perception par rapport aux enjeux de sécurité, les failles de sécurité, la survenance des incidents et leur gestion. Au total, 21.902 e-mails ont été envoyés entre septembre 2021 et février 2022 et 1.099 patients ont répondu au questionnaire. Les participants devaient être âgés de plus de 18 ans et de moins de 80 ans au moment de leur dernière admission dans un hôpital général (Bruxelles et Wallonie) et avoir au moins une nuit facturée, à l'exclusion des patients décédés depuis leur hospitalisation et de ceux admis en soins palliatifs ou en MR/MRS après leur hospitalisation.Résultats ?15,8% des patients estiment avoir subi un évènement indésirable. "Ces résultats ne sont pas en contradiction avec ce que l'on observe dans la littérature et ce, même si le pourcentage rapporté dans l'enquête belge est le plus élevé au sein des différentes enquêtes menées dans d'autres pays de l'OCDE dans le cadre de ce projet (3% en Allemagne à 12,6% en Norvège)", peut-on lire dans le Rapport du projet PRIM (PAQS, avril 2023). De plus, 14,7% des patients ont connu un autre type d'évènement qui les a contrariés. Au total, un peu plus de 30% des patients ont connu un EI ou un évènement contrariant. Un peu plus d'un événement sur 4 (26,2%) concerne le non-respect des processus/procédures cliniques, 19,6% sont liés à des erreurs médicamenteuses, 11,6% à des accidents (chutes...), 11,1% aux infections associées aux soins, 9,8% à l'administration clinique, 6% à des problèmes d'équipements médicaux, 4,4% au comportement et 3,6% à la nutrition. Dans 76% des cas, c'est le patient qui a constaté l'EI, environ 19% ont été annoncés par un membre du personnel et 4,5% ont été constatés par un proche ou une autre personne. Concernant la gestion de l'évènement indésirable par l'hôpital, les réponses sont partagées entre expérience positive (43,7%) et négative (42,5%). Les explications données par le personnel (33%), ses excuses (15%) et la proposition d'un soutien (5%) sont considérées comme une bonne gestion. A l'inverse, un manque d'explication de la part du personnel (23,8%), l'absence d'excuses (15%) et ne pas avoir été invité à participer à l'analyse de l'EI (12,5%) sont jugés négativement. Pour évaluer la continuité des soins, trois questions ont été posées sur les informations utiles (médicaments, poursuite du traitement, signes d'alerte à surveiller) à donner au patient avant de quitter l'hôpital. Entre 85% et 89% des patients estiment que ces informations sont tout à fait ou en partie bien transmises. Néanmoins, 14,6% sont moins satisfaits du transfert d'informations sur les médicaments. "Le premier constat est que ces trois variables sont fortement associées entre-elles. Ainsi, les patients qui estiment avoir une bonne information sur les 3 sont 12,5% à déclarer un EI contre 30% lorsque 2 ou 3 informations n'ont pas bien été transmises."Objectif amélioration continueLes limitations de cette étude résident dans un risque de surestimation des résultats (ceux qui ont répondu ont probablement connu des soucis de sécurité durant leur séjour), ou encore dans la sur-représentation des 55-75 ans du fait de l'envoi par e-mail. Les auteurs du rapport notent cependant que leurs résultats vont dans le sens de ceux d'autres études: "Ainsi, l'état de santé et la durée du séjour sont deux variables qui s'influencent et qui sont chacune significativement associées à la déclaration d'un EI par les patients. On voit également une absence d'association entre cette déclaration et des variables telles que le sexe, la région de résidence ou encore le niveau d'études."Autre constatation: on observe une corrélation forte entre la perception des failles organisationnelles (culture de sécurité, délivrance des soins, communication entre les différents acteurs) par les patients et la déclaration d'évènements indésirables par ces derniers. "Toutefois, nous ne sommes pas en mesure de savoir si ce sont les failles organisationnelles qui causent les EI ou si le fait d'avoir connu un incident contribue à ce que le patient soit plus critique sur la manière dont fonctionne l'hôpital." Quoiqu'il en soit, "impliquer les patients dans la mesure de la sécurité des soins est une approche prometteuse pour évaluer la performance du système de santé", estiment encore les chercheurs.