...

La tique, " le vampire moderne ", " une véritable ménagerie infectieuse "... La maladie de Lyme, " une bombe à retardement "... Ajoutez-y une population d'acariens en croissance et des avis médicaux parfois divergents, et vous obtenez un problème pour le moins nébuleux et qui mériterait que la recherche s'y intéresse un peu plus. Quoiqu'il en soit, il est important d'informer le public. Quelques mesures simples et en apparence dérisoires permettent en effet d'éloigner substantiellement la menace que font peser les tiques sur notre santé.La borréliose de Lyme est une maladie infectieuse transmise par une morsure de tique infectée par la bactérie Borrelia burgdorferi sensu lato (sl). La maladie de Lyme été décrite en 1972 dans la petite ville de Lyme dans le Connecticut (USA) où une épidémie d'arthrite sévissait alors chez les jeunes enfants. C'est en 1982 que Willy Burgdorfer fait le lien entre la tique et la transmission de la Borrelia burgdorferi stricto sensu (ss) à l'homme. Celle-ci fait partie des spirochètes, des bactéries de forme hélicoïdale, sources de maladies comme la syphilis et la leptospirose.Chaque année, on compterait 65.000 nouveaux cas en Europe et 300.000 aux États-Unis.En Europe, le principal vecteur de transmission de cette bactérie est une tique du genre Ixodes ricinus, qui peut par ailleurs transmettre d'autres bactéries et virus, donnant ainsi lieu à des coinfections. L'étude réalisée en 2017 par Sciensano montre que, chez nous, 14 % des tiques sont infectées par B.burgdorferi sl., et que 7% sont aussi porteuses de Rickettsia helvetica et 1,5 à 2,8 % d'autres pathogènes. On comprend donc pourquoi plus la tique est ôtée tôt, moins il y aura de risque de transmission de divers agents pathogènes...L'ECDC publie sur son site des cartes de distribution des tiques (par espèces) en Europe : en Belgique, on retrouve surtout I.ricinus, I.hexagonus et Dermacentor reticulatus.Après une morsure de tique, s'il y a infection, un érythème migrant peut apparaître dans les 3 à 30 jours ou un syndrome grippal. D'autres symptômes nombreux et peu spécifiques peuvent survenir : fièvre, fatigue, douleursaux articulations... La bactérie migre vers les tissus du système nerveux, des articulations, du coeur, des yeux, du cerveau...Sciensano se veut rassurant et donne 4 raisons de ne pas paniquer :toute morsure n'est pas infectante ;une tique infectée ne transmet pas nécessairement la bactérie ;une personne infectée ne développe pas nécessairement la maladie ; etla maladie de Lyme peut être traitée de manière efficace avec des antibiotiques si elle est diagnostiquée à temps.Dans l'idéal, il conviendrait donc d'éviter les morsures, mais il est compliqué de ne plus fréquenter les zones infestées, d'autant que 30 à 50 % des piqûres surviennent dans les jardins et qu'on ne peut se priver de balades en forêt...Les tiques apprécient en effet les zones humides et ombragées, les végétations basses (hautes herbes, tapis de feuilles, fougères...) et les bois qui ont l'avantage d'allier végétation et hôtes (rongeurs, oiseaux, mammifères, reptiles...). Elles peuvent rester très longtemps au sommet d'une herbe à l'affût d'un hôte au sang chaud. Une fois sur lui, elles se déplacent pour trouver une zone fortement vascularisée et se fixent dans la peau de façon indolore.Dans notre pays, les tiques se rencontrent partout et principalement dans le Luxembourg, le Limbourg, la province d'Anvers et dans le Brabant. Elles sont présentes toute l'année mais elles sont actives à une température de 7 à 25 °, soit du printemps à l'automne. Si les conditions climatiques ne sont plus favorables, elles entrent en diapause et voient leur métabolisme ralentir et leur développement retardé.Dans la lutte contre les tiques, une idée commence à prendre forme : comme 30 à 50 % des morsures ont lieu dans les jardins privés et les parcs, pourquoi ne pas diminuer le risque d'y être mordu ? Citoyens et scientifiques réfléchissent à la meilleure façon d'aménager ces endroits pour en éradiquer les tiques. Par exemple, en faisant appel à l'appétit des poules et pintades pour les tiques, en réduisant les zones humides et ombragées, en déparasitant les animaux domestiques (brossage, répulsifs et acaricides) et sauvages (clôtures, pièges...), en les confrontant à leurs parasites (vers microscopiques, champignons entomopathogènes), voire en utilisant des pesticides... La guerre aux tiques est déclarée !