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En effet, le Pr Frank Ruschitzka (Zurich, Suisse) et ses collègues ont présenté l'étude PRECISION ABPM, une sous-étude de l'étude PRECISION. Pour mémoire, cette dernière a été publiée l'année dernière dans le New England Journal of Medicine (http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1611593#t=article) et avait comparé le célécoxib à l'ibuprofène et au naproxène. Elle avait montré une non-infériorité du célécoxib par rapport aux deux autres quant à la sécurité cardiovasculaire. Dans la sous-étude PRECISION ABPM, c'est sur la tension artérielle, que se sont focalisés les auteurs, évaluée par une mesure ambulatoire sur 24 heures après 4 mois de traitement anti-inflammatoires. Les participants inclus dans l'étude présentaient d'emblée une maladie cardiovasculaire ou un risque cardiovasculaire élevé. Les patients souffraient de pathologies nécessitant au moins 6 mois de traitement. Ils ont été traités par célécoxib 100 mg 2 fois par jour, ibuprofène 600 mg 3 fois par jour ou naproxène 375 mg deux fois par jour. La dose pouvait être augmentée en accord avec les préceptes des autorités de régulation de chaque pays. Tous les patients ont été traités par ésoméprazole. Les trois groupes de patients étaient équivalents en termes démographiques et cliniques. L'objectif principal était de détermination la variation de tension artérielle au moment de l'entrée dans l'étude et 4 mois plus tard sur les deux monitorings enregistrés. Faire monter la pressionLa tension moyenne systolique des patients était de 125 mm Hg dans chacun des groupes et la diastolique de 74 mm Hg. Cependant, les auteurs ont constaté que beaucoup de participants recevaient déjà un traitement antihypertenseur, voire plus. La tension artérielle augmente plus avec l'ibuprofène qu'avec le naproxène alors qu'avec le célécoxib elle reste stable. Par rapport à la tension artérielle systolique de départ, l'impact du célécoxib est également nul. En revanche, celle-ci s'élève légèrement avec le naproxène et augmente pratiquement de 4 mm Hg avec l'ibuprofène. Par ailleurs, il n'y a pas d'impact concernant la pression sanguine diastolique. L'étude de la variation de la pression artérielle montre également une augmentation majeure de cette dernière pendant la nuit chez les patients sous ibuprofène. Les résultats sont similaires dans l'analyse par sous-groupes prédéfinis qu'il s'agisse des patients hypertendus ou non au départ ou souffrant ou non d'insuffisance rénale. Evaluer l'impactMalheureusement, les auteurs ont également constaté qu'il y avait pire. En effet, dans le sous-groupe de patients normotendus au départ, il s'avère que 15% du groupe célécoxib, 35% du groupe ibuprofène et 28% du groupe naproxène ont développé une hypertension dans les 4 mois de l'étude. Cette différence est significative pour les deux anti-inflammatoires classiques par rapport à l'inhibiteur de COX-2. Cependant, cela n'étonne pas puisque c'est déjà une différence similaire qui avait été repérée dans l'étude PRECISION concernant les hospitalisations pour hypertension dans les trois groupes de même que pour la mortalité cardiovasculaire et les décès toutes causes confondues. Il ne s'agit évidemment pas d'un blanc-seing concernant le célécoxib. Cependant cette étude a le mérite de mettre en avant que les trois molécules se valent sur le plan de la sécurité d'emploi et que les deux AINS classiques présentés comme plus surs ne le sont peut-être pas tant que cela et que le célécoxib tant décrié pourrait être réhabilité. L'étude met en tout cas en lumière que ces anti-inflammatoires ne doivent être utilisés qu'à bon escient aux doses les plus basses possible et pour une durée limitée. Il serait peut-être également utile de surveiller de manière plus rapprochée leur impact sur la santé cardiovasculaire. Ruschitzka F et al. The PRECISION-ABPM (Prospective Randomized Evaluation of Celecoxib Integrated Safety versus Ibuprofen or Naproxen Ambulatory Blood Pressure Measurement) - Trial? ESC 2017 Abstract#3818.