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L'expérience fut passionnante et riche d'enseignements, d'autant que les deux hôpitaux ont chacun sa propre philosophie. Si Saint-Luc dispose déjà d'un véritable bataillon de robots, dont plusieurs sont spécialisés dans les préparations de chimiothérapie, l'UZ Leuven n'est pas encore tout à fait convaincu qu'un tel investissement soit judicieux dans un établissement de cette taille, même s'il a par contre déjà généralisé le scannage au lit du patient. Les deux cliniques n'en font pas moins un travail de tout haut niveau en termes de distribution des médicaments - la preuve que deux approches radicalement différentes peuvent toutes les deux déboucher sur un degré de sécurité exceptionnel, comme vous aurez l'occasion de le voir dans cette édition. Autre constat intéressant, les pharmaciens hospitaliers de part et d'autre s'accordent à dire qu'il n'est jamais souhaitable de retirer les médicaments de leur blister ni de les commander en vrac... et cela se remarque au chevet du malade, où les différents traitements sont toujours livrés dans leur conditionnement d'origine : ce sont simplement les plaquettes qui sont découpées pour obtenir des doses individuelles dans leur blister intact. Comme le soulignent en choeur les deux responsables, personne n'a en effet pu démontrer jusqu'ici qu'un produit retiré de son blister ne perd pas de son efficacité... Quid alors de tous ces médicaments administrés aux patients suivis à domicile, qui sont (dans le meilleur des cas) répartis chaque semaine dans un pilulier par un infirmier(e) ? Quatre, cinq, six pilules passent jusqu'à sept jours dans leur petite case, souvent bien en vue sur la commode de la salle à manger ou - pire ! - l'armoire de la salle de bain. Quand on songe aux températures de ces dernières semaines et au degré d'hygrométrie moyen d'une salle d'eau, inutile de préciser que ce système est loin d'être idéal. Faudrait-il donc s'orienter vers une approche complètement différente, y compris dans les soins à domicile, ou le système actuel est-il malgré tout satisfaisant ? Je pensais jusqu'ici que le plus grand défi était la compliance, et c'est bien là l'utilité des piluliers, mais devrions-nous être encore plus sévères et exiger que chaque produit reste dans son blister d'origine, même à la maison ? Sans avoir de réponse à apporter à cette question pour le moment, je soupçonne que le risque de contamination est encore plus élevé dans l'environnement quotidien du patient qu'à l'hôpital. La question mériterait donc à tout le moins qu'on y consacre un travail de fin de master !