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L'idée qu'ont eue les scientifiques a été d'utiliser la pigmentation de la peau comme barrière naturelle contre les UV. Ils ont développé des molécules qui ont été optimisées pour pénétrer dans la peau et induire la production de mélanine. Ce pigment colore la peau et limite les dommages des UV aux cellules et donc le risque que celles-ci n'évoluent en cellules tumorales.D'après les résultats de leurs travaux, le Pr David Fisher et son équipe ont obtenu des réponses intéressantes avec deux molécules : YKL 06-061 et YKL 06-062. Ces dernières inhibent l'enzyme SIK (Salt Inducible Kinase) et activent l'expression d'un facteur de transcription (MITF) qui contrôle la synthèse de la mélanine.Autrement dit, à la différence des crèmes auto-bronzantes traditionnelles, qui ne colorent que la couche superficielle de la peau, la nouvelle substance agit en stimulant les cellules qui produisent des pigments dont le rôle est d'absorber les ultraviolets. L'efficacité de cette substance a été démontrée sur des échantillons de peau humaine en laboratoire. Les chercheurs ont observé que leur produit assombrissait les échantillons, en fonction des doses administrées et de leur fréquence, et que le bronzage artificiel se maintenait durant plusieurs jours.De plus, appliquée comme une crème sur des souris à poil roux déficientes pour le gène Mc1r, dont on sait qu'il est impliqué dans le contrôle de la production de mélanine, la substance mise au point a également permis de brunir l'épiderme des souris rousses qui, comme chez les humains, est plus sensible aux ultraviolets. Les souris sont devenues brunes sur le site d'application en un jour, le traitement local ayant bel et bien favorisé la production de mélanine. Et, en une semaine, la couleur s'est atténuée comme le ferait un bronzage, les souris n'ayant pas d'autres effets secondaires qu'un changement de couleur.Un bémol cependant : l'enzyme SIK bloquée par le traitement est un suppresseur de tumeur. Aussi, les bénéfices du bronzage pourraient être réduits si le risque de cancer augmente à cause de l'inactivation de cette protéine protectrice. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles la nouvelle substance doit encore subir davantage de tests précliniques de sûreté et de toxicité. Un préalable avant de pouvoir entamer des études chez les humains. En attendant, le Pr Fisher estime que ce bronzage artificiel devrait être utilisé en combinaison avec une crème solaire normale, l'écran solaire restant, selon lui, important pour protéger la peau.(référence : Cell Reports, 13 juin 2017, DOI : 10.1016/j.celrep.2017.05.042)