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Les patients atteints d'un cancer peuvent être confrontés à toute une série de problèmes, allant de simples troubles mineurs à des maux bien plus sérieux. La lutte contre ces 'dommages collatéraux' des chimiothérapies et des radiothérapies ont un impact certain sur la qualité de vie des patients et leur envie de se battre contre la maladie. Le rôle des acteurs de 1re ligne à ce niveau - tant les généralistes que les pharmaciens d'officine - prend de plus en plus d'importance. Cheveux et ongles L'un des principaux effets secondaires de la chimio- thérapie est bien entendu la chute des cheveux. Cette perte n'est normalement que temporaire, et la croissance capillaire reprend son cours après l'arrêt du traitement. Pour freiner la chute des cheveux, on a parfois recours à un casque réfrigérant lors de l'administration du cytostaticum. L'action du froid sur le cuir chevelu permet de réduire l'afflux sanguin et d'épargner les racines. Mais l'utilisation de ce casque réfrigérant n'est pas recommandé à tous les patients. Les traitements peuvent également entrainer la chute des sourcils et des cils. Les pharmaciens formés aux techniques de maquillage peuvent ici aider leurs patients en donnant des conseils pour camoufler cette perte. Les vitamines destinées à stimuler la croissance des cheveux ne sont par contre pas conseillées durant une cure de chimiothérapie. Une peau endommagée La peau n'est gère épargnée par les traitements anticancéreux : terne, pâle, sèche, et parfois sujette aux démangeaisons et aux plaques squameuses. Ces problèmes dermatologiques sont causés principalement par les rayons des radiothérapies. Les réactions de la peau sont diverses : rougeur, irritations, inflammations, gonflements et ampoules. Après les séances de rayon, la peau doit être nourrie avec une crème hydratante spéciale. D'autres crèmes peuvent aussi être utilisées de manière préventive pour rendre la peau plus forte et plus résistante aux rayons. Un bon nettoyage de cette peau fragilisée par les rayons est essentiel, à condition d'utiliser des savons doux adaptés, de l'eau tiède et des produits de soins sans alcool ou parfum. Après les traitements, la peau abîmée doit aussi être protégée du soleil avec des crèmes solaires dotées d'un fort indice de protection, de préférence composées de filtres minéraux. Plusieurs agents chimiothérapeutiques (comme l'adriamycine, le fluorouracil, la dacarbazine) augmentent la sensibilité de la peau au soleil. Bouche sèche et maux d'estomac Les cellules actives qui tapissent le tractus gastro-intestinal sont extrêmement sensibles aux dommages causés par la chimiothérapie. Une sécheresse buccale et une irritation de la muqueuse buccale peuvent apparaitre en alternance, en fonction du type de chimiothérapie et du schéma déployé. Dans tous les cas, mieux vaut agir en prévention. Le pharmacien peut conseiller avant le début du traitement une bonne révision dentaire, et durant celui-ci, une bonne hygiène buccale. Il est important de garder la bouche humide et de faire des bains de bouche avec une solution saline physiologique tiède ou une solution à base de chlorhexidine et de CPC. En cas de réactions sévères au niveau de la muqueuse buccale, l'utilisation d'antidouleurs et parfois de produits antiviraux ou antifongiques peut s'avérer nécessaire. Diarrhée Conséquence directe des dommages causés à la muqueuse gastro-intestinale, des épisodes de diarrhée peuvent également survenir. Ce désagrément se déclenche souvent en cas d'utilisation de 5-fluorouracil, capécitabine et irinotécan et certains nouveaux médicaments ciblés comme par exemple l'imatinib. Des mesures générales permettent de rétablir l'équilibre des fluides (un apport suffisant en liquide pour compenser les pertes), couplées à une alimentation adéquate et au recours à certains médicaments contre la diarrhée, comme le lopéramide. Selon le type de chimiothérapie, d'autres désagréments particulièrement stressants pour le patient peuvent survenir, comme les nausées et vomissements. Fort heureusement, nous disposons aujourd'hui de meilleurs traitements pour prévenir ou lutter contre ces problèmes. Autres points à tenir à l'£il : les carences nutritionnelles et la perte de poids consécutive d'une perte d'appétit. Il est important de continuer à prendre plusieurs petits repas par jour, éventuellement complétés par des compléments énergétiques. Bien se reposer avant de passer à table et éviter les odeurs nauséabondes peuvent également aider à manger mieux. Constipation Le problème intestinal le plus fréquent est sans conteste la constipation, qui peut être causée par différents facteurs : par la maladie même, par les médicaments (certains cytostatiques, antiémétiques ou analgésiques) ou par une altération de la fonction du tissu nerveux. Si la constipation est liée à la prise d'un médicament, un laxatif sera sans doute nécessaire. Dans les autres cas, le pharmacien donnera plutôt des conseils d'ordre alimentaire, comme une alimentation riche en fibres et une hydratation suffisante (plus de deux litres par jour). Il est aussi toujours bon de recommander un peu d'exercice physique. Fatigue Une faiblesse générale et une sensation de fatigue figurent également au menu des symptômes fréquents, causés par diverses raisons. La gravité varie en fonction du type de patient, de la nature et du stade de la maladie, ainsi que des circonstances spécifiques. Des infections et des réactions du corps peuvent jouer un rôle à ce niveau, tout comme une anémie (causée par la maladie même, par le traitement, par une carence en vitamines ou un manque de sang). Si cette fatigue est provoquée par la chimiothérapie, le patient peut prendre de l'érythropoïétine (EPO). En cas d'échec, l'oncologue peut décider de procéder à des transfusions sanguines. Les changements hormonaux et électrolytiques peuvent également entrainer cette fatigue (par exemple en cas d'hypothyroïdie ou d'une carence en sel). L'essoufflement (engendré par la maladie même, notamment quand les poumons sont touchés) entraine une diminution des capacités physiques et une sensation de fatigue. Enfin, il convient de prêter attention à certaines limites liées à la douleur, à des lésions nerveuses ou à la perte musculaire.