Selon une étude française, des médicaments périmés restent efficaces des années après leur date limite d'utilisation. L'association de consommateurs UFC-Que Choisir dénonce une "véritable gabegie environnementale, économique et sanitaire".
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"Afin d'évaluer la pertinence des dates de péremption apposées sur les boîtes de médicaments par les laboratoires pharmaceutiques, nous avons fait mesurer par un laboratoire spécialisé la quantité de substances actives présentes dans 30 boîtes de comprimés, gélules ou sachets de paracétamol ou d'ibuprofène, qui, d'après les fabricants, sont périmés. Le résultat du test est sans appel : dans 80% des cas les médicaments contiennent suffisamment de substance active pour être considérés comme efficaces! En outre, nos résultats suggèrent qu'il n'y a aucune relation entre l'année de péremption des médicaments et la quantité de substance active encore présente. Preuve en est du paracétamol censé être périmé depuis 1992 présente encore... 100% de substance active !", indique UFC Que Choisir. Dans le détail, ce sont 20 comprimés, gélules ou sachets de paracétamol (périmés entre 1992 et 2023) et 10 d'ibuprofène (périmés entre 2015 et mars 2024) qui ont été analysés . Les pires résultats obtenus sont de 84% pour le paracétamol (date limite 2018) et 82% pour l'ibuprofène (date limite 2022). "L'UFC-Que Choisir a, par exemple, testé des comprimés de Dafalgan (paracétamol) périmés depuis six ans, restés dans la poche d'un sac de randonnée, qui ont supporté la canicule, un gros orage, de nombreuses averses, des températures autour de 4 ou 5°C, puis des années dans une cave humide. Plus de six ans après leur date limite, ils avaient encore 95% de paracétamol. De même, des comprimés d'Efferalgan (paracétamol) périmés depuis près de 32 ans, conservés dans le placard d'une centenaire, contenaient encore 100% de substance active", explique France Info. Les chercheurs se sont basés sur la norme posée par l'Autorité américaine des médicaments (FDA) selon laquelle ces médicaments sont considérés comme étant efficaces s'ils contiennent une substance active correspondant à au moins 90% de celle affichée sur la boîte. "L'ANSM (Agence nationale française du médicament) considère pour sa part un médicament efficace tant que sa substance active correspondant à au moins 95% de celle affichée sur la boîte. Même en tenant compte de ce critère plus restrictif que celui adopté par la FDA, la majorité des médicaments que nous avons testés conservent leur efficacité", précisent-ils. Triple gâchisSur la base de ce constat l'association de consommateurs saisit l'ANSM, face à ce qu'elle qualifie de "gabegie", afin qu'elle mette en oeuvre l'ensemble des mesures permettant d'éviter ce gaspillage de médicaments."C'est un triple gâchis: un gâchis économique parce qu'on jette des boîtes qui pourraient encore servir, à titre individuel mais aussi dans les établissements de santé; un gâchis environnemental parce qu'il n'est jamais simple de traiter des médicaments et puis un gâchis sanitaire parce que face aux pénuries qu'on connaît, étendre les dates de validité des médicaments permettrait de pallier en partie ce problème", estime Perrine Vennetier, la rédactrice en chef de Que Choisir Santé, au micro de France Info.Cette constatation est d'autant plus problématique dans le contexte actuel qui prône de rationaliser la distribution et la consommation des médicaments...Les résultats complets paraissent dans le numéro d'octobre du magazine Que Choisir.