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De plus en plus de voix s'élèvent dans le monde pour attirer l'attention sur la présence de résidus de principes actifs pharmaceutiques dans l'environnement et à leurs conséquences délétères sur la santé. Une étude réalisée en Région wallonne vient illustrer combien cette problématique nous menace de façon très directe. C'est le site Daily Science qui rapporte les résultats du premier état des lieux de la présence de bactéries résistantes aux antibiotiques dans les cours d'eau wallons. La cellule de microbiologie de l'Institut scientifique de service public (ISSeP) a conduit, dans le cadre du plan ENVIeS de la Région wallonne, l'étude Antibiobug. Il s'agissait d'élaborer et de tester des méthodes simples pour évaluer la présence dans l'environnement aquatique wallon de ces bactéries, et plus spécifiquement des Escherichia coli.L'équipe de l'ISSeP a effectué 2 campagnes de prélèvement dans 24 points de l'Ourthe et d'un de ses affluents, la Vesdre, en mai et en octobre 2019. Des échantillons ont été prélevés dans les eaux de rejet et les eaux de surface, en amont et en aval de ces rejets; dans des zones rurales, urbaines, forestières et hospitalières. "Parmi ces échantillons, 938 souches d'E.coli ont été isolées. Leur antibiorésistance a été évaluée par le test de l'antibiogramme avec 12 antibiotiques spécifiques, les plus vendus à ce jour pour traiter l'humain et l'animal en Belgique", précise le site Daily Science qui ajoute que des E.coli antibiorésistants ont été découverts dans l'ensemble des points de prélèvement, y compris dans les zones les plus reculées, en milieu rural.Autre observation, ce sont les effluents hospitaliers qui hébergent le plus grand nombre de germes multirésistants: 70% des E.coli retrouvés dans ces effluents étaient résistants à un des antibiotiques testés, et un peu plus de 40% à au moins 3 antibiotiques. La présence de ces germes dans les eaux wallonnes représente un risque pour l'homme de façon directe (baignade) et indirecte (consommation d'animaux vivants dans ces milieux aquatiques et contamination des nappes phréatiques voire des boues des stations d'épuration). La responsable de l'étude, Leslie Crettels, souligne par ailleurs qu'il n'existe pas de norme ni de seuil d'alerte pour ce type de contamination. Pour compléter ces données, l'ISSeP lancera en octobre le second volet de cette étude, Antiobiobug 2, visant cette fois les eaux de baignades.