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Une tirelire petit cochon, une ficelle portant des tickets "Bon pour une spray nasal", "Bon pour un sirop pour la gorge"... En ce début décembre, le comptoir de la pharmacie de Laurent Staquet s'est mise aux couleurs de la solidarité. Comment ce pharmacien de Gouy-Lez-Piéton (Courcelles, Hainaut) a-t-il eu cette idée des médicaments 'suspendus'? "J'ai constaté que les patients font de plus en plus le tri sur les ordonnances, ils ne prennent plus l'ensemble des médicaments prescrits, simplement pour une raison financière. D'autre part, j'avais été contacté par une association pour faire un don de médicaments non soumis à prescription mais, renseignements pris, je me suis rendu compte que c'était interdit. Je me suis dit qu'il était malheureux qu'en tant que pharmacien, je ne puisse pas aider autrement qu'en faisant un don d'argent. Et, en voyant dans un café à Paris, les cafés 'suspendus', je me sui dit que c'était ce qu'il fallait faire!"Le principe? Les patients qui le désirent remplissent la tirelire, son contenu est ensuite transformé en bons d'achat pour des médicaments en vente libre, et ensuite, ceux qui en ont besoin en prennent un et le présentent au pharmacien pour obtenir un de ces produits sans payer. Ce système est donc basé sur la confiance."Ainsi, a priori, je suis dans les règles: je ne donne pas les médicaments gratuitement, c'est un patient qui paye à la place d'un autre, et je délivre directement au patient à l'intérieur de mon officine". Par ailleurs, le pharmacien contacte aussi les personnes qui ont des dettes chez lui et leur propose d'en apurer une partie. Afin d'éviter les procès d'intention lui reprochant de faire cela pour solder toutes les dettes de sa patientèle, Laurent Staquet double la somme déposée dans la tirelire. Ainsi, après la première semaine de fonctionnement du système, le pharmacien a fait son premier décompte dimanche 15 décembre: la somme récoltée s'élevait à 217€, montant qu'il a doublé, soit un total de 434€. À ce moment-là, 167€ avaient été redistribués, la moitié sous forme de régularisation de dettes et l'autre moitié sous forme de tickets suspendus. "Ma démarche est de dire que l'argent ne doit plus être un frein à l'accessibilité aux médicaments de première ligne. Pour moi, c'est un moyen de nous diversifier et de rendre un côté humain au pharmacien. Le but ultime c'est que cette initiative fasse des émules auprès d'autres pharmaciens indépendants pour nous démarquer des ventes par internet parce que nous n'arriverons jamais à proposer ce genre de services. Pour moi, le pharmacien a encore énormément d'avenir s'il se démarque, s'il bouge...", conclut Laurent Staquet.