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La revue Prescrire relaie les résultats d'une étude des cas d'exposition à des sprays et diffuseurs d'huiles essentielles à usage domestique rapportés aux centres antipoison français entre 2011 et 2019, et publiés en mars dernier par l'Agence nationale française de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). L'Anses poursuit ainsi ses travaux de 2017 sur les techniques d'épuration de l'air intérieur. Dans cette étude, 4.114 cas d'exposition ont été analysés, dont 1.432 à l'origine de symptômes. Parmi ces derniers, 50% sont survenus chez des personnes dans l'incapacité d'analyser la dangerosité potentielle de ces produits (surtout des jeunes enfants) et 16% suite à un usage en dehors des préconisations du fabricant, ou de confusions entre deux produits. Les symptômes les plus fréquents ont été digestifs (41%), oculaires (36%), cutanés (14%), respiratoires (9,8%). 8 cas ont été graves, dont 3 survenus dans des conditions d'utilisation conformes aux préconisations du fabriquant. 140 patients ont eu au moins un symptôme respiratoire, dont 32 dans des conditions conformes aux préconisations."Les huiles essentielles contiennent des dérivés terpéniques susceptibles de s'oxyder au contact de l'ozone ou d'autres oxydants de l'air ambiant, formant des aérosols organiques secondaires, du formaldéhyde et du peroxyde d'hydrogène. Les dérivés terpéniques et les produits issus de leur oxydation sont irritants. Certaines huiles essentielles particulièrement riches en phénols et en cétones, substances irritantes pour les voies respiratoires, sont inadaptées à la diffusion et à l'inhalation", explique Prescrire."Les pulvérisateurs ou les diffuseurs d'huiles essentielles promus pour assainir un espace clos (voiture ou domicile) sont une source de pollution de l'air intérieur supplémentaire. Pour assainir l'air intérieur, l'aération régulière est la seule méthode d'efficacité démontrée", conclut la revue. A l'issue de ce travail, l'Anses a formulé quelques recommandations: conserver les produits hors de portée des enfants, mieux informer les consommateurs sur les précautions d'utilisation pour limiter les risques, améliorer le recueil et le suivi des cas symptomatiques, limiter les sources de pollution intérieure et bien aérer les espaces clos. Enfin, elle insiste sur la nécessité d'engager de nouvelles études indépendantes sur les huiles essentielles utilisées seules et en mélange afin de mieux caractériser leurs effets néfastes potentiel sur la santé, à court et à long terme.Dans le contexte de la pandémie actuelle, l'Anses rappelle également que les huiles essentielles ne constituent pas un moyen de lutte contre le coronavirus.