Depuis l'affaire du riche entrepreneur qui s'est fait agresser et voler sa montre, le Belge lambda a découvert que le prix de certaines montres peut atteindre celui d'une maison unifamiliale. C'est loin d'être un exemple isolé des montants ahurissants que certains dépensent en produits de luxe et il ne se passe pratiquement pas une semaine sans que la presse ne rapporte à quoi untel ou unetelle dépense sa fortune. À croire que la question nous passionne!

Dans le secteur de la santé, nous sommes confrontés au quotidien à une tout autre réalité financière - celle de gens ordinaires, croisés au détour de notre activité clinique, que leurs dépenses exposent à des dilemmes bien différents. L'augmentation des prix de l'énergie et des denrées alimentaires forcent aujourd'hui bien des familles à un délicat exercice de corde raide entre rentrées et dépenses, au point qu'une part non négligeable ne s'en sort tout simplement plus et que le spectre de la pauvreté menace désormais un Belge sur trois. C'est une très mauvaise nouvelle pour le secteur médical, qui traîne encore le poids de la pandémie et se passerait donc bien de cette pression supplémentaire. La recherche scientifique a en effet déjà démontré à plusieurs reprises que, si le risque de pauvreté augmente avec les problèmes de santé, l'inverse est également vrai. C'est un véritable camouflet à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, dont l'article 25 consacre le droit de chacun à "un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille".

Dans ce contexte, c'est un peu un paradoxe que, dans leur quête du traitement le plus approprié pour un patient donné, les prestataires de soins en oublient souvent les répercussions financières. Savons-nous précisément ce que coûte un séjour à l'hôpital, avec ou sans intervention majorée? Connaissons-nous le ticket modérateur des médicaments? Celui des soins de kinésithérapie? Le prix d'une psychothérapie? Alors que la question du coût devrait pouvoir être abordée dans le détail et en toute simplicité, c'est un aspect qui passe souvent à la trappe... mais pourquoi? Par manque de temps? Parce que nous supposons que le montant que le patient paie de sa poche est suffisamment négligeable pour être à la portée de tous? Parce que nous n'y sommes tout simplement pas formés? Un patient qui a du mal à joindre les deux bouts sera souvent gêné d'avouer que le traitement qui lui est proposé est trop cher pour lui. Pourtant, aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, le fait d'aligner les décisions thérapeutiques sur les possibilités financières du malade est, à terme, une stratégie gagnante pour chaque partie. Un traitement abordable que le prestataire et son patient ont choisi d'un commun accord améliore la compliance.

Le groupe de travail "Arm maakt ziek en ziek maakt arm" de la coupole Staten-Generaal Geestelijke Gezondheid veut se faire une idée plus claire de la manière dont les pharmaciens et médecins voient le problème de la pauvreté dans les soins de santé. C'est pourquoi vous trouverez avec cette édition du Pharmacien une enquête consacrée à cette question, dont les résultats seront utilisés pour formuler des propositions politiques qui bénéficieront à l'ensemble du secteur des soins. Nous espérons donc que vous prendrez le temps d'y participer!

Hans De Loof, professeur de pharmacologie

Kirsten Catthoor, psychiatre

Kris Van den Broeck, titulaire de la chaire Public Mental Health (Université d'Anvers)

Depuis l'affaire du riche entrepreneur qui s'est fait agresser et voler sa montre, le Belge lambda a découvert que le prix de certaines montres peut atteindre celui d'une maison unifamiliale. C'est loin d'être un exemple isolé des montants ahurissants que certains dépensent en produits de luxe et il ne se passe pratiquement pas une semaine sans que la presse ne rapporte à quoi untel ou unetelle dépense sa fortune. À croire que la question nous passionne! Dans le secteur de la santé, nous sommes confrontés au quotidien à une tout autre réalité financière - celle de gens ordinaires, croisés au détour de notre activité clinique, que leurs dépenses exposent à des dilemmes bien différents. L'augmentation des prix de l'énergie et des denrées alimentaires forcent aujourd'hui bien des familles à un délicat exercice de corde raide entre rentrées et dépenses, au point qu'une part non négligeable ne s'en sort tout simplement plus et que le spectre de la pauvreté menace désormais un Belge sur trois. C'est une très mauvaise nouvelle pour le secteur médical, qui traîne encore le poids de la pandémie et se passerait donc bien de cette pression supplémentaire. La recherche scientifique a en effet déjà démontré à plusieurs reprises que, si le risque de pauvreté augmente avec les problèmes de santé, l'inverse est également vrai. C'est un véritable camouflet à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, dont l'article 25 consacre le droit de chacun à "un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille". Dans ce contexte, c'est un peu un paradoxe que, dans leur quête du traitement le plus approprié pour un patient donné, les prestataires de soins en oublient souvent les répercussions financières. Savons-nous précisément ce que coûte un séjour à l'hôpital, avec ou sans intervention majorée? Connaissons-nous le ticket modérateur des médicaments? Celui des soins de kinésithérapie? Le prix d'une psychothérapie? Alors que la question du coût devrait pouvoir être abordée dans le détail et en toute simplicité, c'est un aspect qui passe souvent à la trappe... mais pourquoi? Par manque de temps? Parce que nous supposons que le montant que le patient paie de sa poche est suffisamment négligeable pour être à la portée de tous? Parce que nous n'y sommes tout simplement pas formés? Un patient qui a du mal à joindre les deux bouts sera souvent gêné d'avouer que le traitement qui lui est proposé est trop cher pour lui. Pourtant, aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, le fait d'aligner les décisions thérapeutiques sur les possibilités financières du malade est, à terme, une stratégie gagnante pour chaque partie. Un traitement abordable que le prestataire et son patient ont choisi d'un commun accord améliore la compliance. Le groupe de travail "Arm maakt ziek en ziek maakt arm" de la coupole Staten-Generaal Geestelijke Gezondheid veut se faire une idée plus claire de la manière dont les pharmaciens et médecins voient le problème de la pauvreté dans les soins de santé. C'est pourquoi vous trouverez avec cette édition du Pharmacien une enquête consacrée à cette question, dont les résultats seront utilisés pour formuler des propositions politiques qui bénéficieront à l'ensemble du secteur des soins. Nous espérons donc que vous prendrez le temps d'y participer! Hans De Loof, professeur de pharmacologie Kirsten Catthoor, psychiatre Kris Van den Broeck, titulaire de la chaire Public Mental Health (Université d'Anvers)