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"Attention à ne pas exposer les animaux de compagnie", telle est l'alerte que vient de lancer l'Anses, l'Agence nationale française de Sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. En collaboration avec l'Agence nationale des médicaments vétérinaires, elle invite chacun à penser à la possibilité d'effets indésirables chez les animaux de compagnie suite à un contact avec un médicament humain contenant des hormones et appliqué sur la peau de leur propriétaire. "Plusieurs cas, impliquant des chiens et des chats, souvent détenus par des femmes traitées avec des substituts hormonaux sous forme topique, ont été rapportés dans différents pays européens, suite à une enquête initiée par l'Agence suédoise du médicament vétérinaire. Même si certains des RCP de ces médicaments mentionnent bien que les contacts étroits entre les patientes et leur entourage (enfants notamment) doivent être évités, ils oublient souvent de préciser que des précautions sont également à prendre vis-à-vis des animaux présents dans le foyer", rappelle La Dépêche vétérinaire.Les animaux de compagnie peuvent en effet entrer en contact avec les cuisses, l'abdomen ou encore les bras des patients, mais l'exposition au médicament peut également être indirecte par exemple via les draps, lorsque l'animal dort dans le lit de son propriétaire."Les cas d'exposition à ces médicaments, rapportés via la pharmacovigilance et la littérature, font surtout état de symptômes d'hyperoestrogénisme sur des chiens de petit gabarit, des chats, ainsi que des chiots et chatons. Aucune ingestion par léchage n'est généralement évoquée. Il peut s'agit d'hyperplasie mammaire ou vulvaire chez les femelles et de cryptorchidie chez certains chiots"."Des symptômes cutanés sont régulièrement mentionnés avec l'apparition d'une alopécie essentiellement localisée au niveau des épaules, des cuisses, de la face ventrale du thorax et de l'abdomen, associée parfois avec une hyperpigmentation de la peau. Une baisse de la qualité du sperme a été décrite chez un chien, sans modification notable de la concentration sanguine en oestrogènes, démontrant qu'une exposition même minime peut avoir des conséquences". "Des signes de retour en chaleur chez des femelles stérilisées ont également été décrits. Par ailleurs, l'action toxique des oestrogènes sur la moelle osseuse peut à long terme provoquer des anomalies sanguines pouvant mettre en jeu la vie de l'animal", indique l'Anses. Le délai d'apparition des symptômes est variable et va de quelques semaines à plusieurs années. Les signes s'atténuent généralement, voire disparaissent, suite à l'arrêt de l'exposition aux hormones.Lors de manifestations d'hyperoestrogénisme chez un animal ou lors de l'expression de signes de chaleurs chez un individu en principe stérilisé, le diagnostic différentiel doit inclure la possibilité d'une exposition à un médicament hormonal, prescrit aux propriétaires. "En cas de gonflement de la vulve ou des mamelles (chez les femelles comme chez les mâles), ou d'un retour en chaleur d'un animal stérilisé, il est conseillé de l'amener rapidement chez un vétérinaire. Le praticien doit être informé qu'un traitement hormonal sous forme locale est en cours dans l'entourage de l'animal".VigilanceCes cas européens rappellent la nécessité d'être vigilants lors de l'utilisation de ces produits et de rappeler certaines précautions d'emploi aux propriétaires :-se laver les mains après avoir appliqué le gel ou le spray,-couvrir les zones traitées avec un vêtement,-empêcher tout léchage des zones traitées,-éviter de dormir avec ses animaux,-et en cas de contact direct de l'animal avec une zone traitée, l'empêcher de se lécher et rincer à l'eau les parties du corps qui ont pu être en contact avec le médicament.Rappelons que ces précautions sont valables pour l'ensemble des médicaments qui sont appliqués sur la peau.