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Les maladies infectieuses causées par des bactéries pathogènes restent l'une des causes les plus courantes de morbidité et de mortalité dans le monde. Une analyse microbiologique rapide est nécessaire pour les traiter rapidement et faciliter la gestion des antibiotiques. Aux Etats-Unis, une équipe de l'université d'Etat de Pennsylvanie a développé une technologie qui repose sur les systèmes micro-fluides. Elle utilise des fluides dont les canaux d'écoulement mesurent quelques dizaines de micromètres, ce qui permet de piéger des cellules bactériennes individuelles qui sont ensuite observées en temps réel grâce à un microscope électronique.Le procédé rend possible la détection de la présence d'une bactérie dans l'échantillon étudié en 30 minutes seulement et il détermine la sensibilité de cette bactérie aux traitements médicaux. Pour ce faire, les chercheurs exposent la souche à certains médicaments et si celle-ci est résistante, alors les antibiotiques ne feront de toute façon pas effet.Le système ainsi développé est à 100% sensible à la présence de bactéries, ce qui a permis ensuite de réussir à les classifier à 83% du temps et d'obtenir une conformité de 100% aux procédures AST (Antimicrobial Susceptibility Testing). En plus de détecter la présence d'une bactérie, le dispositif peut donc aussi rapidement la catégoriser en fonction de sa forme (sphérique, en tige ou en spirale) et de sa taille. "Néanmoins, il ne permet pas de savoir de quelle sorte de bactérie il s'agit," a précisé un des co-développeurs, Pak Kin Wong, professeur d'ingénierie biomédicale et mécanique. "Nous travaillons sur une approche moléculaire complémentaire pour pouvoir les classifier."Quoiqu'il en soit, sachant qu'aujourd'hui, avec les méthodes classiques, il faut compter un délai de trois à cinq jours avant de connaître la présence et la résistance de bactéries, le fait de bientôt pouvoir disposer d'un outil qui réduit considérablement les délais d'analyse devrait changer la donne et permettre d'éviter aux médecins de prescrire des antibiotiques à leurs patients pour soigner des infections, sans savoir si les bactéries y résisteront ou non. "Nous prescrivons actuellement des antibiotiques même sans bactérie présente," a expliqué Pak Kin Wong. "C'est de la surprescription". Pour illustrer son propos, le chercheur prend l'exemple des infections urinaires. "Ce sont les infections bactériennes les plus communes et malgré tout, plus de 75% des échantillons d'urine envoyés à un laboratoire de microbiologie clinique sont négatifs. En infirmant ou confirmant rapidement la présence de bactéries à des concentrations cliniques pertinentes, cela améliorera considérablement les soins aux patients."Le chercheur a par ailleurs ajouté que son équipe avait déposé un dossier pour un brevet provisoire. Leur outil, dont ils espèrent réduire la taille pour qu'il puisse être utilisé par des hôpitaux ou des cabinets médicaux, pourrait être disponible sur le marché dans trois ans.(référence : PNAS, 21 mai 2019, doi :10.1073/pnas.1819569116 )https://www.pnas.org/content/116/21/10270