Quelles sont les drogues le plus consommées en Belgique? Des chercheurs ont analysé les données belges relatives aux demandes de traitement pour consommation de substances entre 2015 et 2019. L'alcool et le cannabis sont les principales substances addictives signalées chez les Belges entrant en cure de désintoxication.
...
"L'épidémie d'opioïdes aux Etats-Unis, les nouvelles substances psychoactives qui apparaissent sur le marché et l'augmentation récente des demandes de traitement pour la cocaïne en Europe de l'Ouest, soulignent l'importance de surveiller la consommation et les méfaits des drogues dans le temps. Afin d'être informé des nouveaux modes de consommation, cette étude vise à analyser les tendances parmi les personnes entrant en traitement pour consommation de substances en Belgique", expliquent des chercheurs belges de Sciensano, de l'Observatoire Socio-Epidémiologique Alcool-Drogues en Wallonie et à Bruxelles (Eurotox) et du Vlaams expertisecentrum Alcohol en andere Drugs (VAD) qui viennent de publier dans Drugs, Habits and Social Policy (2022;23(2):104-115). Cette équipe a analysé les données belges chez les personnes commençant un traitement pour toxicomanie, recueillies entre 2015 et 2019. Résultats? "Les substances de prédilection les plus fréquemment mentionnées parmi les 23.000 épisodes de traitement analysés étaient l'alcool et le cannabis. Tous deux sont restés relativement stables dans le temps. L'héroïne a semblé diminuer de manière significative au niveau national, mais a augmenté à Bruxelles. Les benzodiazépines ont diminué de manière significative en Flandre et à Bruxelles, mais pas en Wallonie. En revanche, les signalements de crack (cocaïne) ont augmenté de manière significative dans les trois régions, avec une tendance plus prononcée en Wallonie et à Bruxelles. Les substances telles que le fentanyl, la méthamphétamine, la kétamine ou les substances volatiles inhalées ont été mentionnées de manière significativement plus importante par les personnes entrant en traitement en 2019, bien que leur contribution au nombre total soit encore limitée", concluent les auteurs.Voici quelques données plus détaillées:Alcool et cannabisLe nombre d'épisodes de traitement mentionnant l'alcool ou le cannabis était le plus élevé et était stable sur la période 2015-2019 dans l'ensemble de la Belgique. Spécifiquement à Bruxelles, une tendance significativement croissante a été observée dans le nombre d'épisodes de traitement mentionnant l'alcool (+5,2%/an). Pour le cannabis, des augmentations significatives ont été rapportées chez les femmes (+1,8%/an) et chez les patients âgés de 30 ans et plus (+4,6%/an). Dans l'ensemble, la combinaison alcool-cannabis est la plus fréquemment citée, dans les 3 régions.CocaïneLe nombre d'épisodes de traitement impliquant des substances de la catégorie "cocaïne" a sensiblement augmenté en Belgique. Cette augmentation concerne généralement le crack. L'augmentation a été plus forte en Wallonie (+32,1%/an) et à Bruxelles (+22,3%/an) qu'en Flandre (+6,9%/an). La tendance à la hausse du crack était significative dans tous les groupes, à l'exception des moins de 30 ans. Les signalements de cocaïne en poudre n'ont pas augmenté de manière significative, sauf à Bruxelles et parmi les plus de 30 ans et plus. Cependant, plusieurs combinaisons de substances incluant la cocaïne en poudre ont augmenté (avec l'alcool, avec l'alcool et le cannabis et avec l'héroïne). A Bruxelles, on note une augmentation des combinaisons de substances incluant le crack (alcool, héroïne, cannabis et cannabis+alcool).La catégorie " autres stimulants " est restée relativement stable dans le temps, à l'exception des méthamphétamines pour lesquelles un doublement du nombre de notifications entre 2015 et 2019 a été observé.OpiacésÀ l'exception du fentanyl, on observe une tendance globale à la baisse dans les signalements de la catégorie "opiacés" et des substances spécifiques de cette catégorie. Le nombre d'épisodes de traitement de patients mentionnant l'héroïne comme drogue de choix a diminué avec 5,2% par an entre 2015 et 2019 en Belgique. Pour Jérôme Antoine (Sciensano) et ses collègues, "cette étude est la première à évaluer les tendances pour toutes les drogues à un niveau national et régional. Ces résultats pourraient être utiles non seulement aux décideurs nationaux, mais aussi à d'autres pays ayant des habitudes de consommation d'alcool ou de drogues similaires".