Le 24 septembre, l'EMA a accueilli une réunion internationale sur la pharmacogénomique et sur les conditions de sa mise en oeuvre clinique. Le KCE y a présenté les résultats de son analyse de la situation en Belgique.
...
Qu'est-ce que la pharmacogénomique? C'est l'étude de la manière dont la variabilité de l'expression des gènes entraîne des différences de susceptibilité aux maladies et de réponses aux médicaments. Quant aux tests pharmacogénétiques, ils visent à déterminer comment l'ADN des patients peut influencer l'effet qu'aura, chez eux, un traitement pharmacologique donné. L'objectif étant d'affiner le choix du médicament ou de son dosage et d'arriver à des prescriptions plus personnalisées qui tiennent compte de la génétique du patientLe 24 septembre, la Commission européenne (CE), les Heads of Medicines Agencies (HMA) et l'Agence européenne des médicaments (EMA) ont organisé un atelier sur la pharmacogénomiquedans les locaux de l'EMA à Amsterdam. Il s'agissait d'identifier les domaines prioritaires pour une action réglementaire supplémentaire afin de promouvoir la mise en oeuvre clinique de la pharmacogénomique; de voir comment les organismes de réglementation des médicaments peuvent faciliter l'adoption de la génomique par les systèmes nationaux de soins de santé, comment exploiter les données génomiques liées aux sources de données du monde réel et comment accroître l'impact réglementaire des projets financés par l'UE dans le domaine de la médecine personnalisée. La prochaine étape consistera à établir une feuille de route pour la mise en oeuvre clinique de la pharmacogénomique en Europe.Le cas belgeLors de ce workshop international, le KCE a présenté le rapport qu'il a édité en mai dernier sur cette question des tests pharmacogénomiques (tests PGx) et de leur utilisation optimale en Belgique (KCE Reports 382BS, 2024). On y apprend, par exemple, que plus de la moitié des quelque 8 500 tests PGx réalisés en Belgique en 2022 concernaient des indications oncologiques (la plupart visant à prédire la toxicité de certains médicaments anticancéreux), le tout pour un coût de près de 1.500.000 euros à l'Inami.Pour les chercheurs belges, "les conditions préalables à l'utilisation efficace de la pharmacogénétique ne sont pas suffisamment réunies, et il n'existe pas toujours de consensus quant à l'utilité clinique de certains tests. Une approche plus harmonisée et scientifiquement étayée de l'utilisation de ces tests nécessite notamment un déploiement plus important de l'expertise en pharmacologie clinique, pour conseiller les médecins et leurs patients, et pour élaborer des directives nationales quant à l'utilisation des tests pharmacogénétiques.""Idéalement, des experts en pharmacologie clinique devraient être impliqués dans les conseils aux médecins, les consultations avec les patients concernant l'optimisation du traitement médicamenteux, l'élaboration de guides de pratique clinique fondés sur des données probantes, l'élaboration (et la mise à jour régulière) de la liste des tests pharmacogénétiques pouvant donner lieu à un remboursement, et la formation des prestataires de soins", précisent-ils encore.Les recommandations ciblent notamment le partage et le stockage des données pharmacogénétiques, et la nécessité d'informer correctement le patient sur les implications potentielles du test avant sa réalisation.