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Ce pharmacien de Flandre Occidentale ne savait plus où donner de la tête face à ces clients venus en masse chercher des comprimés d'iode. Si certains pharmaciens doutaient encore de leur rôle d'interlocuteur santé de confiance, ils en ont eu la preuve éclatante ces derniers jours. Le citoyen cherche à être rassuré et réclame de la clarté. Les comprimés d'iode ne sont pas distribués en dehors des zones à risque nucléaire. Leur prise préventive n'a d'ailleurs aucun sens. Que du contraire : elle peut s'avérer dangeureuse. En quête de réconfort Qu'est-ce qui peut pousser des gens à accepter de débourser des milliers de dollars pour se procurer ces comprimés d'iode (cf l'édition spéciale de notre newsletter de la semaine dernière) ? Même en ne résidant pas dans des zones à risque ? " Dans la tête des citoyens, l'iode est la seule arme efficace contre ce genre de situation particulièrement menaçante ", explique Ilse Van Diest, membre du groupe d'étude de psychologie de la santé de la KUL. " La menace est fortement ressentie parce qu'il s'agit d'une chose qui suscite la méfiance, mais qui est aussi invisible, imprévisible et incontrôlable. Cela alimente la peur et pour tenter de la calmer, les gens cherchent des moyens de la contrôler. Et si nécessaire, ils feront preuve d'un comportement totalement irrationnel pour avoir l'impression de maitriser la situation. "Vodka et vin rouge C'est d'ailleurs pour ces mêmes raisons que les Russes s'étaient jetés sur la vodka après la catastrophe de Tchernobyl et que le vin rouge est devenu une denrée particulièrement convoitée au pays du Soleil levant. Les gens croient dur comme fer à la rumeur qui en fait des produits capables de repousser les ondes radioactives. Ils ont ainsi l'impression de pouvoir faire quelque chose pour vaincre la menace. Hasard ou coïncidence Pur hasard du calendrier, quelques jours seulement après le début de la catastrophe japonaise, la Ministre de l'Intérieur Annemie Turtelboom donnait le coup d'envoi à la campagne d'information sur le risque nucléaire. De quoi ne faire qu'alimenter encore le sentiment de peur ? La psychologue Van Diest voit les choses différemment. " Les citoyens ont besoin d'une information fiable qui leur soit communiquée de manière simple et correcte. Cela permet de les rassurer. Dans ce cas, j'ose donc dire que cette campagne arrive à point nommé. " u Lire en page 4