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"La pandémie perturbe gravement le sommeil, augmentant le stress et la consommation de médicaments". Telle était la conclusion d'une étude canadienne parue en décembre dernier. Ces chercheurs ont réalisé une vaste enquête en ligne auprès de plus de 5.500 personnes pendant la première phase de l'épidémie. Leurs résultats montrent combien la pandémie a affecté les habitudes de sommeil de la moitié des sujets. Trois profils de changement ont été identifiés: ceux qui dorment davantage, ceux dont l'horaire de sommeil a été repoussé à des heures de coucher et de réveil plus tardives et ceux qui dorment moins qu'avant la pandémie."Les changements actifs que les gens ont apportés aux comportements liés au sommeil pendant la pandémie ont non seulement affecté la qualité et la quantité du sommeil, mais aussi leur réaction psychologique à cette situation sans précédent. Par rapport à ceux qui dorment davantage, ceux qui ont des horaires de sommeil plus tardifs ou des cycles de sommeil plus courts ont présenté des symptômes d'insomnie plus nombreux et des symptômes de stress, d'anxiété et de dépression plus graves", a précisé Rebecca Robillard, principal auteure de l'étude.Des statistiques, des angoissesUne étude qui vient de paraître montre qu'au cours du premier confinement, les variations quotidiennes de la qualité subjective du sommeil ont influencé l'apparition de troubles de santé mentale et physique et que ces effets étaient liés aux rapports quotidiens du nombre de décès liés au Covid-19. Ce travail a été réalisé sous la direction de Peter Simor du Centre de recherche en cognition et neurosciences et de l'Institut des neurosciences de l'ULB (Philippe Peigneux).Selon cette recherche, menée dans trois pays (Belgique, Hongrie et Espagne), les décès quotidiens dûs au Covid rapportés par les médias nationaux prédisaient en effet les plaintes de santé mentale ce jour-là et une détérioration du sommeil la nuit suivante. "Les résultats montrent que les changements de la qualité du sommeil d'une nuit à l'autre permettent de prédire comment les individus feront face aux défis quotidiens de l'enfermement le lendemain", concluent les auteurs.Somnifères & coEn Belgique, Febelco Group constate que les ventes de produits liés aux troubles du sommeil battent tous les records: "En décembre 2020, la demande pour ces produits en vente libre a augmenté de 41,4% par rapport à la même période l'année précédente. L'impact de la crise du coronavirus se fait clairement sentir. Et cette évolution tend à se poursuivre en 2021", indique Febelco Group qui n'avait jamais vu un tel bond dans ses courbes de ventes. "Cette tendance a fait que le nombre de produits liés au sommeil vendus pour le segment OTC a passé le cap du million d'unités sur une base annuelle, ce qui représente plus de 18 millions d'euros sur une année".Signe qui ne trompe pas: les ventes de somnifères qui avaient connu une stabilisation ces dernières années, repartent à la hausse (+3,4% en 2020). "Cela peut sembler anodin, mais quand on sait qu'il s'agit d'un marché de plus de 6 millions d'unités vendues à l'année, une telle augmentation ne peut pas être sous-estimée. L'augmentation de quelque 200.000 produits à base de benzodiazépines en 2020 indique qu'un certain nombre de nouveaux patients se tournent vers les médicaments sur prescription pour trouver le sommeil, et ce alors que les produits en vente libre connaissent aussi une croissance inédite", souligne Olivier Delaere, CEO de Febelco Group. Il note que de façon étonnante, cette augmentation des ventes se fait en parallèle à une diminution des visites chez le pharmacien (-9% en 2020).Pour un sommeil non chimiqueDès lors, comment retrouver le sommeil? Plutôt que de se tourner vers les médicaments, Rebecca Robillard conseille de se lever à la même heure chaque matin (même le week-end), de développer des rituels pré-sommeil relaxants tels que la lecture, d'éviter la caféine, l'alcool et la cigarette dans les heures précédant le coucher, et de faire régulièrement de l'exercice. "Si l'anxiété ou le stress affecte le sommeil, la méditation, l'exercice, la tenue d'un journal ou la discussion avec une personne de confiance peuvent vous aider", conclut-elle.