...

Décidément, cette crise du coronavirus sera source de multiples frustrations et camouflets pour les pharmaciens. Nouvel épisode dans cette litanie de déceptions: la vente des masques chirurgicaux dans les supermarchés et la réduction du taux de TVA sur les équipements individuels de protection. Une décision des autorités qui a fait réagir l'APB cet après-midi lundi 4 avril dans un Flash spécial, estimant que "les pharmaciens se sont fait une nouvelle fois mener en bateau". L'APB revient sur l'historique des faits commencé le 23 mars, lorsque le ministre des Affaires économiques prend un arrêté limitant la distribution au détail au seul canal de la pharmacie et sur base d'une "prescription d'un professionnel" de la santé (dont le pharmacien). "A peine une semaine plus tard, les gels et solutions hydroalcooliques sont barrés de la liste, à notre grand étonnement. Et maintenant les masques chirurgicaux (mais pas les FFP2 ni les autres équipements de protection)".Ensuite, le jeudi 23 avril, le gouvernement a contacté l'APB et l'Ophaco "parce qu'il allait acheter un stock important de masques issus de la grande distribution et qu'il souhaitait que nous le distribuions à la population d'une manière équitable, responsable et graduelle". Enfin, le 30 avril dernier, un débat s'est tenu au Parlement sur la réduction du taux de TVA pour ces équipements: "Aujourd'hui, cette mesure sera très certainement publiée au Moniteur belge et le tarif de 6% devra s'appliquer immédiatement. Et tout ça, sans concertation ni préparation. Vous serez donc amenés à devoir modifier manuellement le taux de TVA pour ces produits de 21 à 6% et à adapter leur prix public en conséquence". Tout ceci alors que les pharmaciens attendent toujours leurs équipements individuels de protection, note l'Association."Nous avons élaboré un plan en concertation avec les grossistes-répartiteurs, les associations de patients et les autorités afin de distribuer rapidement des masques chirurgicaux certifiés à la population avec les conseils de bon usage adéquat. Cette distribution comprenait également, comme cerise sur le gâteau, l'enregistrement, le contrôle et le monitoring national via le DPP. 48 heures plus tard, le samedi 25 avril, tout était mis sur la table des autorités. Ces masques devaient encore être achetés par l'Etat auprès de Comeos... Nous devons conclure aujourd'hui qu'il a finalement été décidé de ne pas faire appel aux pharmaciens"."Depuis ce week-end, les membres de Comeos jouent les 'sauveurs de la nation'. Ils ont pourtant menacé de vendre des dizaines de millions de masques à l'étranger (et certains l'ont sans doute fait) au lieu de les vendre aux autorités belges, et ce, tant qu'un arrêté ministériel limiterait en Belgique le canal de distribution de ces masques aux seules pharmacies. Le gouvernement a donc fini par céder au chantage et on peut de nouveau s'attendre à une ruée dans les rayons, du surstockage et du gaspillage de ces moyens rares. Les masques chirurgicaux vont-ils devenir le nouveau papier toilette?", s'interroge l'APB en se demandant quel impact pourrait avoir leur mauvais usage sur le contrôle de l'épidémie. "Les pharmacies continueront à distribuer et/ou vendre des masques chirurgicaux ou en tissu aux citoyens, mais avec des conseils et une valeur ajoutée. Vos patients le savent. Apparemment, cette reconnaissance et ce soutien, nous ne les trouverons pas auprès de ce gouvernement fédéral, cela semble clair. Nous continuerons sans aucun doute, comme toujours, à nous débrouiller et à être là pour les gens"."On pense aux pharmaciens lorsqu'on a besoin d'eux pour régler le risque de pénurie et contrôler les gens, puis on les laisse tomber quand les problèmes de stocks semblent s'éloigner. Sans doute, la défense d'intérêts à court terme rapporte plus qu'une attitude constructive et proactive. Et l'oreille attentive à certains lobbies importe plus qu'une gestion sûre et planifiée de la distribution de matériel essentiel dans cette crise. Nous nous en souviendrons...", conclut l'APB.