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"Aujourd'hui, le trafic de produits de santé est jusqu'à 10 à 20 fois plus lucratif que celui des stupéfiants et il se développe rapidement", estime Interpol. Ceci concerne à la fois la contrefaçon de médicaments produits dans des laboratoires clandestins et vendus essentiellement par internet, et l'exportation illégale de produits vendus légalement en France mais classés comme stupéfiants dans d'autres pays."La France est la principale source d'approvisionnement en Europe de groupes criminels organisés pour les médicaments opioïdes. Détournés de la chaîne légale, avec un préjudice financier à la Sécurité sociale, ils sont vendus à prix d'or notamment en Scandinavie ou en Europe de l'Est où ils sont utilisés à des fins psychotropes. Ainsi, un cachet de Subutex (buprénorphine) qui vaut environ 2€ en pharmacie peut se revendre jusqu'à 400€ en prison en Finlande (90€ en rue)", précise le site de la gendarmerie nationale française. Les trafiquants recourent à des acheteurs qui écument littéralement les pharmacies en présentant de fausses ordonnances: selon Jacques Diacono, directeur de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp), cité par France Inter, "les quantités ainsi exportées illégalement tiennent, depuis environ 5 ans, de l'activité industrielle, montrant à quel point les réseaux sont organisés. Nous avons des dossiers où de l'ordre de 30.000 cachets de Subutex sortent illégalement de nos pharmacies par mois et partent vers l'Europe du Nord ou de l'Est". La radio ajoute qu'on estime à plus de 2 millions d'euros le préjudice pour la Sécurité sociale d'un trafic récemment démantelé à destination de la Finlande. Sans oublier que les sanctions pénales pour trafic de médicaments sont moindres que pour le trafic de stupéfiants. L'année 2019 s'est aussi illustrée par une progression significative des trafics de médicaments rares et onéreux tels que les anticancéreux et les hormones de croissance.Voilà pourquoi, le 9 janvier dernier, l'Oclaesp et le G5 Santé regroupant les principales entreprises françaises de la santé ont signé une convention afin d'améliorer la lutte contre le crime pharmaceutique. Au programme: échanges d'informations (évolution du cadre juridique, établissement et suivi de la cartographie des risques, description des modes opératoires observés, études des flux criminels, détection des nouvelles addictions...), valorisation des éléments recueillis par l'industrie pharmaceutique (détection des filières illicites de distribution, gammes thérapeutiques recherchées via les sites Internet et sur le darknet, ouverture d'enquête cyber par la gendarmerie, judiciarisation des renseignements transmis) et promotion de la lutte contre le crime pharmaceutique.