Le cannabis est-il intéressant sur le plan thérapeutique? Comment organiser sa production et sa délivrance? Autant de questions auxquelles l'Agence du médicament française essaie d'apporter des réponses en menant un essai qui implique plus de 2000 patients et de nombreux pharmaciens préalablement formés.
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En mars 2021, la France s'est lancée dans une expérimentation de l'usage médical du cannabis. Pour l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), il s'agissait d'évaluer la faisabilité de la mise à disposition du cannabis médical. Trois éléments nourrissaient cette réflexion: "des données scientifiques convergentes montrant un intérêt du cannabis dans le traitement de certains symptômes de différentes pathologies ; une demande grandissante de patients et de professionnels de santé ; et l'usage médical du cannabis dans de nombreux pays en Europe et dans le monde (Pays-Bas, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Luxembourg, Lituanie, Canada, Israël, Chili, Colombie, et, à l'époque, 33 Etats aux Etats-Unis)".Le Comité de suivi de l'ANSM fait régulièrement le point sur l'avancement des travaux. Le cannabis est prescrit sous forme d'huile ou de fleurs séchées, au ratio CBD dominant, THC dominant, ou CBD/THC équilibré.Ainsi, jusqu'en janvier 2023, 2356 patients avait été inclus depuis le début de l'expérimentation et 765 l'avaient quittée, dont 250 pour effets indésirables/décès (depuis le début, 2538 effets indésirables ont été notifiés) et 284 pour inefficacité (soit environ 30% d'abandons).La plupart des patients inclus (862) souffrent de douleurs neuropathiques réfractaires. Viennent ensuite ceux qui souffrent de spasticité douloureuse dans la sclérose en plaques (229), d'épilepsies pharmacorésistantes (189), ceux en soins palliatifs (117), en oncologie (110)...Ces patients sont encadrés par 1752 professionnels de santé formés, dont 621 médecins, 398 pharmaciens en établissements de santé et 663 pharmaciens d'officine. Fin juillet, 610 officines étaient engagées dans cette expérimentation. Actuellement, seules ces officines sont autorisées à commander et dispenser des médicaments à base de cannabis médical. Pour obtenir cette autorisation, il faut qu'au moins un pharmacien de cette officine ait suivi et validé la formation préalable obligatoire. Les pharmaciens jouent en effet un rôle central dans cet essai puisqu'il leur revient de commander et dispenser le cannabis, lorsqu'il est prescrit par un médecin formé, mais aussi de conseiller les patients. L'expérimentation de l'usage du cannabis médical vise en effet dans un premier temps à évaluer "la faisabilité du circuit de mise à disposition du cannabis pour les patients : prescription par les médecins, délivrance par les pharmaciens, approvisionnement en produits et suivi des patients". Initialement autorisée pour 2 ans (fin prévue en mars 2023), cette expérimentation a été prolongée d'une année: le premier patient a été inclus le 26 mars 2021 et l'expérimentation prendra donc fin le 25 mars 2024. Le Comité de suivi rendra un avis sur les données d'évaluation recueillies et sur l'encadrement de la mise sur le marché et de l'utilisation du cannabis médical. Un rapport au Parlement est prévu 6 mois avant la fin de l'expérimentation afin d'envisager les suites pouvant être données à cette expérimentation en France.