En 18 mois, 1900 patients et près de 900 pharmaciens participent ou ont participé à l'expérimentation française de cannabis thérapeutique. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé suit cet essai de près et dresse chaque mois un bilan. L'expérience prendra fin en mars prochain.
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En mars 2021, la France s'est lancée dans une expérimentation de l'usage médical du cannabis. Cet essai prendra fin en mars 2023 et vise à inclure 3000 patients. Le Comité de suivi de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) fait régulièrement le point sur l'avancement des travaux. Ainsi, fin août, 1900 patients avait été inclus et 1272 était toujours suivis. 607 ont quitté l'expérimentation depuis son lancement, dont 201 pour effets indésirables/décès et 224 pour inefficacité. Soit environ 30% d'abandons.Quelles indications? Parmi les 1272 patients, 661 sont suivis pour douleurs neuropathiques réfractaires, 196 pour spasticité douloureuse dans la sclérose en plaques, 178 pour épilepsies pharmacorésistantes, 97 en situation palliative, 89 en oncologie, et 51 suivis pour spasticité douloureuse dans une autre pathologie du système nerveux central.Ces patients sont encadrés par 1538 professionnels de santé formés, dont 581 médecins, 372 pharmaciens en établissements de santé et 516 pharmaciens d'officine. Quelle forme?Le cannabis est prescrit sous forme d'huile ou de fleurs séchées, au ratio CBD dominant, THC dominant, ou CBD/THC équilibré.Quels effets indésirables?Depuis le début de l'expérimentation, 582 signalements de pharmacovigilance ont été notifiés, pour un total de 1383 effets indésirables (EI) (plusieurs effets indésirables étant possibles par signalement). Les cas impliquant les inflorescences sont rares (12 et aucun cas grave). En juillet, le Comité de suivi notait que "les 5 effets indésirables les plus rapportés par les patients ayant arrêté l'expérimentation sont des troubles sédatifs (19 effets), des vertiges (15), une fatigue (13), des troubles de l'attention (12) et des palpitations (6)". A cette époque, 3 nouveaux signalements d'addictovigilance avaient été rapportés (total de 7 depuis le début de l'expérimentation) et un premier cas d'abus avait été déclaré avec une augmentation de la consommation des fleurs par un patient restant dans une démarche de soins et étant soulagé par son traitement."Le cannabis médical présente un profil de sécurité attendu au regard de ses propriétés pharmacologiques. Le profil de sécurité est dominé par des EI neurologiques (501 cas), digestifs (208 cas) et psychiatriques (156 cas). La part de cas graves reste faible avec 37/582, soit 6,4% des signalements", notent les experts.La répartition des 582 signalements selon le ratio THC/CBD est la suivante: 32% CBD seul (soit 53,7% des dispensations), 29% CBD dominant (<1% de THC), 33% CBD/THC équilibré (33,8% des dispensations) et 2% THC dominant/seul (12,5% des dispensations).Encore 6 mois d'essaiDans son compte-rendu daté du 7 juillet, le Comité notait en conclusion que "les professionnels de santé auditionnés soulignent l'absence de données suffisamment pertinentes et robustes pour recommander l'utilisation médicale du cannabis en psychiatrie. Plus d'investigations sont nécessaires, sur une population plus importante avec des durées d'évaluation plus longues. La seule utilisation envisageable est l'aide au sevrage au cannabis chez des consommateurs présentant un trouble d'usage sévère. Cependant, pour cette indication il resterait à définir plus précisément d'une part, la population cible, à savoir avec ou sans co-morbidité psychiatrique, et d'autre part, la prise en charge, en confrontant les données présentées lors de cette séance et de la précédente".