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"Est-ce que je devrais? Est-ce que je pourrais? Est-ce que je vais oser arrêter?" Arrêter de prendre des antidépresseurs quand on le fait depuis longtemps place les patients devant un abîme de perplexité. Préoccupée par l'augmentation de la consommation d'antidépresseurs à long terme, une équipe des chercheurs issus de l'université de Gand et de celle d'Anvers se sont penchés sur la question. "L'utilisation à long terme d'antidépresseurs, pendant beaucoup plus longtemps que ce qui est recommandé par les directives, peut entraîner des risques d'effets indésirables et générer des coûts inutiles, notent-ils. Afin d'atténuer ces risques, il faut tenir compte de l'opinion des patients sur leurs antidépresseurs et sur la manière de les arrêter. Nous avons cherché à explorer les expériences et les points de vue des patients sur l'arrêt des antidépresseurs à long terme, les obstacles et les facteurs facilitants cet arrêt et le soutien nécessaire".L'équipe, conduite par Ellen Van Leeuwen (Unité de pharmacologie clinique, U Gent), a mené des entretiens semi-structurés en face à face avec 14 patients prenant des antidépresseurs à long terme dans le cadre de soins primaires. Les entretiens ont été analysés de manière thématique.Résultats? Ces participants ont décrit plusieurs perceptionsrelatives à l'arrêt de ce type de traitement. Ils craignent de retomber dans leur dépression, même ceux qui sont ambivalents quant à l'efficacité et à la sécurité de la poursuite de leur traitement. On retrouve chez ces patients un manque de confiance dans leurs propres capacités d'adaptation, une peur du stress et des expériences négatives antérieures en matière d'arrêt. Autant de choses qui renforcent leur perception de la dépendance aux antidépresseurs. Enfin, les participants ont mentionné l'importance du soutien de leur médecin généraliste et de leur réseau social pour les aider à stopper cette consommation."L'arrêt des antidépresseurs à long terme est une question complexe pour les patients. Il est nécessaire de les sensibiliser davantage au manque de preuves et aux risques potentiels de la poursuite d'un traitement de longue durée par antidépresseurs. En soulevant la question et en offrant un soutien pendant l'arrêt, les médecins généralistes peuvent aider leurs patients à arrêter ce type de traitement. Il est nécessaire de mettre davantage l'accent sur les approches non pharmacologiques de la dépression dans les soins primaires afin de réduire l'utilisation inutile des antidépresseurs", concluent les auteurs.Leur étude vient de paraître dans Acta Clinica Belgica (en ligne le 10 janvier 2022).