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Récemment, l'Ordre des pharmaciens français et l'American Heart Association ont rappelé les dangers d'une forte consommation de réglisse et ont invité à s'en délecter de façon modérée et occasionnelle. Or, de par son pouvoir sucrant important, la glycyrrhizine se retrouve dans de nombreux produits (bonbons, chewing-gums, snacks, boulangerie, glaces, boissons gazeuses et sirops, boissons alcoolisées à base d'extraits de réglisse (pastis, ouzo...), pastis sans alcool, bières et compléments alimentaires. En France, compte tenu des appels et signalements d'intoxications graves parvenus aux Centres Antipoison et au dispositif de Nutrivigilance, l'Anses a conduit une étude rétrospective et a relevé 64 cas d'intoxication survenus de 2012 à 2021 suite à la consommation d'aliments à base de réglisse (50% boissons non alcoolisées, 13% confiseries contenant de la réglisse, 13% tisanes, 11% boissons alcoolisées, 9% confiseries contenant de l'extrait de réglisse pur, 5% compléments alimentaires). "Dans 42% des cas, elles ont présenté des symptômes graves : hypertension artérielle, troubles cardiaques provoqués par un taux de potassium trop élevé dans le sang..., allant parfois jusqu'à engager leur pronostic vital. Un décès a été rapporté chez une personne présentant par ailleurs une atteinte grave du foie". Des constatations qui ont conduit l'Anses à recommander une consommation modérée et occasionnelle de réglisse.Toxicité de la glycyrrhizineLes effets indésirables liés à la réglisse sont loin d'être rares, ajoute l'Anses: "Une revue de la littérature compilant 402 articles scientifiques, publiée en 2015, a montré que la réglisse était responsable de plus de 12% des effets indésirables liés à la consommation de compléments alimentaires végétaux ou de produits traditionnels à base de plantes. Dans une étude rétrospective des données de Centres antipoison européens et brésiliens, la réglisse figurait parmi les dix plantes consommées dans le cadre alimentaire les plus fréquemment à l'origine d'effets indésirables". "Une étude menée en 2009 auprès de femmes finlandaises a établi un lien entre une forte consommation pendant la grossesse et de moins bonnes performances cognitives chez les enfants plus tard", mentionne l'American Heart Association. La glycyrrhizine induit un pseudo-hyperaldostéronisme. Ses manifestations sont la perte de potassium par les urines entraînant une hypokaliémie, la rétention d'eau et de sodium et l'élévation de la pression artérielle. Ce risque concerne tous les adultes (pas uniquement ceux qui présentent déjà une hypertension artérielle) et il augmente avec l'âge. L'intoxication à la réglisse survient principalement en cas de consommation prolongée (plusieurs semaines) à doses importantes. Une dose quotidienne régulière de 100 mg de glycyrrhizine par jour a été établie comme seuil à partir duquel les effets indésirables sont observés (soit 4 à 50 doses de 2 cl de pastis sans alcool, 60 à 100% d'une boîte de 6g de cachous à base d'extraits de réglisse pure). Après arrêt de la consommation de réglisse, le retour à un état physiologique normal nécessite 2 à 6 mois.Prévention?Le risque de toxicité est fonction du produit consommé (type et quantité) et de la personne exposée (absorption au niveau de l'intestin, taux de glycyrrhizine circulant, activité enzymatique). D'autre part, certains médicaments majorent le risque de toxicité. En effet, certains diurétiques entraînent une perte de potassium par les urines, que la glycyrrhizine viendra majorer."Il est difficile pour le consommateur de savoir si sa consommation est excessive. La présence de réglisse est précisée dans la composition des aliments et/ou par une mention, mais la quantité maximale journalière recommandée ne l'est pas toujours. En l'état actuel des connaissances, l'Agence recommande une consommation ne dépassant pas 10 mg/j de glycyrrhizine, en veillant à ne pas multiplier les sources d'apports par les aliments, les médicaments ou les produits issus du tabac. Enfin, il est conseillé d'éviter de consommer de façon continue des produits contenant de la réglisse", conclut l'Anses.