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Dans son Rapport d'activité pour l'année 2017, on apprend que le Centre a reçu 57.400 appels, soit une augmentation de 3,8% par rapport à 2016. 99,5% des demandes lui parviennent par téléphone, ce moyen de communication reste donc le premier choix pour les personnes confrontées à une intoxication.Qui appelle le 070-245.245 ? Dans la plupart des cas (37.372), c'est le public qui décroche son téléphone, mais les médecins (6.576) et les autres professionnels de santé (3.390) le font également. Les victimes humaines se répartissent de façon égale entre adultes (46% des cas) et enfants (46 %, la classe d'âge 1-4 ans étant la plus présente), les 8 % restants concernent des animaux. On recense un peu plus de victimes de sexe féminin (21.154) que masculin (18.113).87 % des appels sont dits " classiques ", c'està-dire qu'ils font suite à un contact avec des produits. Les principales causes d'intoxication restent semblables d'une année à l'autre, précise le Centre : près de la moitié (46%) des appels concerne les expositions aux médicaments et un quart les produits ménagers, détergents vaisselle ou lessive, dégraissants, eau de javel... suivent les cosmétiques (6%), les phytosanitaires (5%), les plantes et champignons (5%), les aliments (3%), les morsures et piqûres d'animaux (1%)...Pour les médicaments, la principale voie d'exposition est l'ingestion. On observe cependant logiquement plus d'administration par voie rectale et par instillation chez l'enfant. Ce sont surtout les médicaments du système nerveux central qui sont mis en cause, suivis par les analgésiques-antipyrétiques, les produits à usage externe ou local et les médicaments des systèmes respiratoire et cardiovasculaire." Beaucoup d'appels concernent des surdosages accidentels sans gravité chez des personnes âgées qui prennent leurs médicaments deux fois, précise le Rapport. Dans les notices de médicaments destinées au public, le numéro du Centre Antipoisons est souvent mentionné, ce qui conduit à une augmentation des appels pour de petits surdosages ces dernières années ".Les appels orientés vers l'hôpital diffèrent entre adultes et enfants dans le sens où ils concernent en majorité une prise volontaire (suicidaire) chez l'adulte. Chez l'enfant, il s'agit dans la plupart des cas d'une ingestion accidentelle (erreur de produit ou de dosage 14%), mettant en cause des médicaments du SNC (28,8%) et des analgésiques-antipyrétiques (17,6%).En 2017, le Centre a enregistré 1.107 effets indésirables de médicaments, qu'il signale à l'AFMPS mensuellement. Des discussions sont toujours en cours avec l'Agence pour adapter les données à transmettre afin de répondre à la nouvelle définition du terme " effet indésirable " telle que stipulée dans la directive européenne 2010/84/EU, transposée en droit belge en juillet 2012. Le Centre réclame une adaptation du montant alloué à cette activité de pharmacovigilance qui exige désormais plus de temps et plus de personnel.Pour les agents non médicamenteux, la voie d'exposition diffère plus largement entre adultes et enfants, commentent les auteurs du Rapport, le Dr Martine Mostin et Anne-Marie Descamps : " Le grand pourcentage d'exposition par voie orale chez l'enfant résulte d'un comportement d'exploration normal avant quatre ans. Chez l'adulte, les erreurs de manipulation causent de nombreux accidents : l'inhalation et les projections dans l'oeil ou sur la peau représentent 41,3% des voies d'exposition contre 9,9% chez l'enfant ".Le Centre est particulièrement attentif aux accidents impliquant des produits caustiques : " L'information de l'utilisateur non professionnel sur la dangerosité des produits corrosifs nous semble insuffisante, même lorsque les dispositions légales en matière d'étiquetage sont respectées ". Il faut savoir que plus de 3 appels par jour concernent des préparations à base de d'hypochlorite (eau de Javel, comprimés pour piscine) : " L'inhalation de vapeur chlorée suite à un mélange d'eau de javel avec un acide, de l'ammoniaque ou d'autres produits de nettoyage est un accident domestique quotidien. La mise en garde figurant sur l'étiquette de ces préparations et les messages de prévention répétés régulièrement par le Centre Antipoisons ne semblent pas avoir d'influence sur le comportement des utilisateurs ".Le Centre met encore l'accent sur les accidents impliquant des lessives liquides présentées en capsule hydrosoluble. En 2017, 318 incidents ont été recensés dont une grande majorité (81%) concernait des enfants de moins de 5 ans, soit une augmentation de 3,5% par rapport à 2016. Si des mesures réglementaires ont été prises par l'UE pour rendre leur emballage moins attractif pour les jeunes enfants et pour augmenter leur résistance, le pouvoir irritant du contenu de ces capsules reste inchangé. C'est pourquoi le Centre estime qu'il est important de veiller à une information du public sur les dangers de ces produits, en particulier pour les plus jeunes.Les ingestions accidentelles de cosmétiques sont rarement dangereuses, explique le Rapport qui précise cependant que ceux " contenant un fort pourcentage d'alcool ou de solvant (parfums, dissolvants), défrisants pour cheveux, produits de coloration capillaire..., sont susceptibles d'entraîner une intoxication en cas d'ingestion ".De même, les accidents impliquant des plantes sont rarement graves, rappelle encore le Centre qui, en un an, a recensé 20 cas d'irritation oculaire ou cutanée après contact avec la sève d'Euphorbe et 28 cas de brûlures cutanées après exposition à la berce géante. Si la Belgique n'est pas une grande terre de cueillette des champignons, le risque d'intoxication à l'amanite phalloïde est bien réel, c'est pourquoi les auteurs mettent en garde : " Toute symptomatologie digestive survenant après un repas de champignons sauvages doit faire exclure ce diagnostic ". Pour faire face à cette problématique, il fait appel aux compétences d'un réseau de mycologues.En conclusion, le Centre Antipoisons regrette le manque de moyens financiers pour mener ses missions alors que sa fonction de triage des appels contribue à limiter l'encombrement des services d'urgences et la charge de travail des médecins...