Le CHU Brugmann teste une thérapie assistée à la psilocybine pour soigner la dépendance à l'alcool

Psilocybine, MDMA, LSD, eskétamine... Depuis les années 2000, la recherche sur les psychédéliques a repris pour évaluer leur efficacité dans diverses indications, notamment des troubles psychiatriques. L'essai conduit au CHU Brugmann s'inscrit dans ce regain d'intérêt pour ce type de psychotropes. "Le choix du traitement par substances psychédéliques est lié à la nécessité de développer l'arsenal thérapeutique pour aider les personnes souffrant d'un trouble de l'usage de l'alcool sévère, indique la Dre Catherine Hanak, chef de clinique et addictologue. Il existe des traitements médicamenteux ou psychothérapeutiques mais ceux-ci ne sont pas toujours suffisamment efficaces face au risque de rechute.""Les résultats d'une étude américaine préalable, menée auprès de 95 participants avec la psilocybine, a abouti à des résultats très encourageants", précise Laetitia Vanderijst, psychologue, chercheuse et lauréate d'une bourse FNRS ULB, qui mène cette étude dans le cadre de sa thèse de doctorat. La psilocybine est issue de champignons hallucinogènes de type Psilocybe.Premier essai cliniqueAprès un an et demi de démarches administratives (comité d'éthique, AFMPS, accréditation de la pharmacie...), l'équipe de l'unité d'alcoologie a démarré ses travaux en mars 2024. Prévue pour une durée de deux ans, cette étude contrôlée randomisée en double aveugle contre placebo (RCT) devrait enrôler un total de 62 patients souffrant d'un trouble sévère lié à l'usage d'alcool et hospitalisés au CHU Brugmann. Au cours d'une cure de sevrage hospitalière de quatre semaines, les participants reçoivent le traitement standard et une thérapie assistée par la psilocybine (une seule administration sous forme de gélule, haute dose vs basse dose pour le groupe placebo). Lors de la prise de psilocybine, le patient est assisté par deux thérapeutes formés aux thérapies par psychédéliques, qui restent à son chevet pendant 5 à 7 heures. Ils s'assurent du bien-être physique et psychologique du patient, pendant et après le traitement. L'expérience se déroule dans une chambre aménagée selon les standards de la médecine psychédélique (musique, couleurs, décoration, ambiance relaxante). Le critère principal d'évaluation clinique est un changement de consommation d'alcool, en permettant aux patients de tirer les enseignements de leur vécu, de leurs pensées, de leurs émotions, pour les mettre ensuite en application dans leur vie de tous les jours.L'équipe du CHU Brugmann recrute encore de nouveaux patients dans le cadre d'une cure de sevrage de l'alcool en hospitalisation. Les critères de sélection et les contre-indications sont nombreuses (trouble bipolaire, psychose chronique, schizophrénie, risque suicidaire, HTA non corrigée...). Un questionnaire de présélection est disponible sur demande (laetitia.vanderijst@chu-brugmann.be ).