C'est ce qu'explique le Pr Pierre Smeesters (ULB): les dernières études tendent à démontrer que c'est bien l'âge, puis les comorbidités, qui sont les facteurs déterminants de cette maladie.
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"Les enfants ne seraient que très peu malades d'abord grâce à leur anatomie, moins réceptive à la molécule 'Spike': les récepteurs sur lesquels s'accroche, comme un velcro, le Covid-19 seraient moins présents dans le corps de l'enfant. D'autre part, leur immunité est différente de celle de l'adulte", explique Pierre Smeesters, infectiologue à l'Hôpital Universitaire des Enfants (HUDERF) et professeur à la Faculté de médecine de l'ULB, sur le site d'actualité de l'ULB, dans sa section "Covid-19@ulb". Pourquoi les enfants réagissent-ils différemment en termes d'immunité? Certains mettent en avant la fréquence élevée d'infection dues aux coronavirus endémiques chez les jeunes enfants. "Comme toute immunité faiblit avec le temps, il est probable que les adultes connaissent une réceptivité supérieure à la Covid-19. Nous savons que les enfants transmettraient moitié moins le virus que les adultes. Cela a été très bien montré dans les écoles et les communautés, mais aussi dans les familles: lorsque c'est l'enfant qui est le premier malade, le nombre de cas secondaires au sein de l'unité familiale est bien moindre que lorsque c'est l'adulte qui est le premier atteint", indique Pierre Smeesters. Encore faut-il s'entendre sur le terme "enfant", met en garde le pédiatre: un enfant de trois ans, un jeune de douze ans et un autre de plus de douze ans ne peuvent pas être considérés de la même manière. "Dans nos analyses pédiatriques, les adolescents pubères seraient à mettre dans la catégorie des adultes lorsque l'on parle de transmission. Ce qui est consensuel d'un point de vue scientifique aujourd'hui est que les enfants sont très peu malades et qu'ils transmettent bien moins la maladie que les adultes; dans cette affirmation, il convient de considérer le gradient enfant-adolescent-adulte, dans lequel la zone de l'adolescence est probablement la plus difficile à définir d'un point de vue épidémiologique car ils ont des corps différents en lien avec le passage de la puberté, mais aussi des comportements tout aussi différents". Enfin, concernant la sensibilité des enfants aux variants, le Pr Smeesters insiste: contrairement à ce qu'on a pu entendre ici ou là, les nouveaux variants ne ciblent pas plus les enfants et ces derniers ne les transmettent pas plus non plus. Il rappelle ainsi que, malgré l'accélération exceptionnelle de la recherche sur le SARS-CoV-2, la science est faite d'hypothèses, de réussites et d'échecs, et qu'il faudra attendre plusieurs années avant de parvenir à comprendre toutes les subtilités de ce virus.