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C'est en tous cas la conviction profonde de Dirk Broekx, tant en sa qualité de pharmacien et de figure de proue de l'APB qu'en celle de manager et de formateur. " Cela occupe en fait le point central de ma vie professionnelle ", reconnait-il. " J'ai mis au point ces modules de formation durant les trois dernières années. Un pharmacien doit pouvoir envisager son travail dans les dix années à venir. Les changements que j'avais prévus pour un avenir lointain se trouvent en fait déjà dans les starting-blocks, quand ils n'ont pas déjà atteint leur vitesse de croisière. L'évolution va bien plus vite que ce qu'on ne le pense. Pensez à Recip-e, e-Health, le dossier patient partagé.... Ils dont devenus réalité. Même les fiches de médicaments font l'objet de projets-pilotes. On ne peut plus se permettre d'attendre. "Le présent est l'avenir Le présent est l'avenir. Le monde évolue tellement rapidement, les secteurs se transforment dans un rythme effréné. Le domaine des soins de santé est resté longtemps relativement lent à la détente, mais est aujourd'hui lui aussi aspiré dans ce tourbillon. " Nous pouvons certes nous laisser terrasser par l'angoisse, mais mieux vaut considérer ces menaces d'une manière positive et les transformer en opportunités ", estime Dirk Broeckx. " Celui qui met aujourd'hui la tête dans le sable et pense que la crise économique et tout le bruit fait autour vont s'éteindre un jour, va droit dans le mur. " Broeckx est particulièrement préoccupé par l'attitude prudente adoptée surtout par les pharmaciens indépendants, certainement si on les compare aux grandes chaînes qui anticipent bien mieux les choses. " Nous ne pouvons plus nous permettre de réfléchir à court terme et devons développer un projet stratégique. Nous devons y réfléchir et en discuter avec les collègues. Car le pharmacien indépendant et individuel qui veut continuer à travailler de son côté, va forcément au devant de difficultés. Je ne dis pas que les pharmaciens doivent forcément fusionner. Par le terme " collaborer ", j'entends qu'un pharmacien doit par exemple grouper ses achats avec ses confrères pharmaciens. Mais le volet économique ne représente qu'une partie de cette collaboration. Vous pouvez aussi collaborer sur bien d'autres domaines, ce que ne font généralement pas les pharmaciens. "Valeur ajoutée Une vision hélicoptère peut donner un sérieux coup de pouce. " Le pharmacien devra fournir plus d'efforts. Le focus produit doit se déplacer sur la valeur ajoutée. " Nous ne parviendrons pas à sauver la donne en nous basant sur le seul produit ", poursuit Dirk Broekx. " Nous pouvons déjà nous réjouir que le nouveau système de rémunération ait pu voir le jour, sans quoi la situation des pharmaciens aurait été carrément catastrophique. Mais même avec ce nouveau système de rémunération, nous ne pouvons échapper à la baisse de la consommation. Les prescriptions vont diminuer et le patient investira moins de revenus dans la pharmacie. La masse globale de rémunération actuelle est encore trop liée au produit. Nous devons donc passer à une rémunération liée au service offert par le pharmacien. Un service sous la forme par exemple d'un soin pharmaceutique coordonné. Cela ne signifie pas qu'il faille aller marcher sur les plates-bandes des médecins, mais bien travailler avec ceux-ci, de même qu'avec les autres prestataires de soins. Ensemble, nous devons développer des soins pharmaceutiques destinés en premier lieu aux malades chroniques. C'est notre leitmotiv, car de meilleurs soins pharmaceutiques aux patients chroniques est synonyme de meilleur suivi thérapeutique et donc d'un mieux pour tous. Le pharmacien doit donc faire bien plus que délivrer un produit et doit accorder de l'attention à la motivation du patient dans l'optique de la renforcer. "Changement de mentalitéQuestion évidente : qu'en est-il de la rémunération ? " Je ne sais pas répondre à l'heure actuelle. Pour arriver à ce changement de mentalité, le monde devra changer profondément, ce qui n'est pas négatif. Le changement de perception du pharmacien et de son travail commence d'ailleurs du côté du pharmacien. Nous n'avons pas besoin d'une campagne d'image ? Le patient voit parfaitement les actes de son pharmacien. Nous devons donc commencer par regarder dans notre pharmacie et nous rendre compte que nous pouvons offrir une valeur ajoutée qui sera certainement reconnue par le patient. Mais le pharmacien doit être mentalement prêt pour ce changement. En adoptant un autre point de vue, ce changement de mentalité est relativement facile à apprendre. Certaines petites modifications peuvent être très vite faites dans nos pharmacies, d'autres nécessitent plus de temps. Mais la nécessité de mettre l'accent non plus sur le produit mais sur le service, est inévitable. Du moins si nous voulons survivre... "