Grippe, Covid-19, la vaccination est un sujet chaud pour l'instant. Petit tour de la question avec le Pr Jean-Michel Dogné, directeur du département de Pharmacie de l'université de Namur et expert à l'EMA et à l'OMS.
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-Les pharmaciens viennent d'être autorisés à prescrire le vaccin contre la grippe aux plus 50 ans, sans prescription préalable. Qu'en pensez-vous?-Jean-Michel Dogné: C'est une bonne chose surtout pour le patient, il est stupide qu'il aille à la pharmacie puis chez son médecin, c'est une perte de temps qui n'a pas de sens et qui, du point de vue administratif, génère beaucoup de perte de temps pour le pharmacien et le médecin.-Est-ce un premier pas pour permettre aux pharmaciens de vacciner ?-Jean-Michel Dogné: Je pense qu'il y a une seule vaccination valable, c'est celle contre la grippe. Pourquoi? Parce que les vaccins contre la grippe entraînent relativement peu d'effets indésirables graves et parce que c'est important pour augmenter la couverture vaccinale chez les patients à risque. L'OMS recommande que 75% des patients à risque soient vaccinés contre la grippe or, on a constaté que ceux qui ont des obstacles supplémentaires pour être vaccinés ne le sont pas. Donc, si on tourne autour des 50% en Belgique, c'est beaucoup. Une façon d'améliorer la couverture vaccinale c'est de faciliter la vaccination de façon plus efficace, notamment via les pharmaciens.La problématique en Belgique vient surtout de la confrontation avec l'acte médical que le pharmacien poserait, en opposition philosophique avec la corporation médicale. Il s'agira plus d'un débat politique que d'un débat d'idées sur l'intérêt qu'il y aurait pour tout le monde.Pour le vaccin contre la grippe, il faudra un moment ou l'autre se poser la question, d'autant plus si la période de Covid-19 perdure et qu'il y a un intérêt à se faire vacciner contre la grippe dans ces conditions.-Et pour le vaccin anti-Covid?-Jean-Michel Dogné: Le pharmacien ne sera pas concerné par la vaccination Covid. Le vaccin contre le Covid-19 ne sera sans doute même pas réalisé par les médecins généralistes, parce que cette vaccination se fera certainement dans des centres de vaccination. Cela dépendra du nombre de vaccins dont on disposera et quand, parce que les vaccins ne seront pas diffusés en unidose, mais certainement en multidose, en fiole de 10. Pour éviter d'en perdre une certaine quantité et pour rassembler un minimum de matériel pour la vaccination, il est envisagé que ce soit des centres de vaccination qui permettent aux gens à risque de se faire vacciner. C'est aux Communautés et aux Régions de mettre cela en place, en accord avec le Fédéral. -Êtes-vous toujours aussi optimiste sur la mise au point du vaccin Covid?-Jean-Michel Dogné: Oui. Le vaccin le plus avancé est celui d'AstraZeneca, à part le coup de semonce en Angleterre, en Afrique du Sud et au Brésil sur l'étude du vaccin en raison d'un cas de myélite transverse suspectée, les études ont repris et ils sont toujours en phase de recrutement, à l'exception des États-Unis où la FDA n'a toujours pas lancé de reprise des études. Par contre, d'autres vaccins en développement sont bien avancés, celui de Johnson & Johnson, celui de Moderna, et le vaccin GSK-Sanofi qui est un peu moins loin. Je reste persuadé que début de l'année prochaine, on aura des informations claires et nettes pour savoir si oui ou non un vaccin sera disponible dans un délai court, c'est-à-dire en mars-avril, sur base des données de ces études cliniques de phase 3. Mais est-ce que la balance bénéfice/risque sera considérée comme positive par l'Agence européenne du médicament (EMA)? On attend de voir les données.