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Ces quelques chiffres ont été présentés lors de la Réunion de consensus sur l'usage rationnel des médicaments dans le traitement de la migraine, organisée par l'Inami le 25 mai dernier. Ils sont issus de Pharmanet, la base de données qui reprend les conditionnements pharmaceutiques remboursés et délivrés par les pharmacies ouvertes au public en Belgique (Inami), de l'Agence InterMutualiste (AIM) et de l'Intercontinental Marketing Services Health Inc (IMS), une base de données des ventes pharmaceutiques. Triptans Le nombre de patients traités par un triptan remboursé a fortement augmenté entre 2005 et 2021 en passant de 7.697 à 27.755 patients. La majorité de ceux-ci sont des femmes (80%) (en 2021) et très peu sont de jeunes patients (1%)ou de patients âgés. Les dépenses Inami pour la classe des triptans vendus en officines publiques s'élevaient à 2,2 millions d'euros en 2005 et à 2,6 millions € en 2021. Deux choses sont à observer: une diminution des dépenses au cours de la dernière décennie qui s'explique par l'installation des prix de référence et par l'arrivée des génériques sur la marché belge, suivie par une augmentation à partir de 2018-19 due à l'augmentation du nombre de patients. "Le coût annuel d'approximativement 25.000 € pour les triptans dans les officines hospitalières n'a pas été inclus. Les quotes-parts payées par les patients dans les pharmacies, ont augmenté de 0,5 million€ en 2005 à 0,8 million€ en 2021", a expliqué le Pr Marc Van De Casteele (Inami). Si les volumes de triptans vendus dans les officines belges sont en croissance, la proportion des triptans remboursés par l'Inami ne représente qu'une petite fraction, même si elle est passée de 12% en 2012 à 30% en 2021. "Les triptans non-remboursés comprennent p.ex. des sprays nasaux ou des comprimés à usage oral utilisés par des patients qui ne remplissent pas les critères de remboursement", indique-t-il. "Les données montrent une diminution de l'utilisation des triptans d'environ un cinquième chez les patients ayant reçu de l'érénumab (AIMOVIG) grâce au programme d'usage compassionnel en 2019 et 2020."Anti-CGRPL'arrivée de la nouvelle classe des anticorps monoclonaux CGRP (antagonistes du calcitonine-gene related peptide) a quelque peu fait évoluer le tableau des dépenses annuelles de l'Inami. L'érénumab est en effet remboursable depuis le 1er juin 2021 et le galcanézumab (EMGALITY) et frémanézumab (AJOVY) depuis le 1er juillet 2021. Les chiffres annuels concernant la période de 12 mois de juin 2021 jusqu'à mai 2022 inclus couvrent donc les 12 premiers mois de l'érénumab et les 11 premiers mois du galcanézumab et du frémanézumab. Dans ce laps de temps, 6.728 patients ont été traités par un anti-CGRP dont 3.947 ont reçu de l'érénumab, le premier médicament de la classe remboursé. Environ deux tiers des patients n'avaient pas reçu d'anti-CGRP dans le cadre d'un programme d'usage compassionnel.Si depuis 2005 les dépenses Inami pour les triptans sont inférieures à 3 millions d'euros, celles pour les anti-CGRP sont estimées à 29,9 millions d'euros pour leur première année d'utilisation (extrapolations de dépenses incomplètes à une période de 12 mois de l'érénumab (juin 2021-mai 2022) et de 11 mois pour galcanézumab et frémanézumab (juillet 2021-mai 2022)). "L'instauration du remboursement de la classe des anti-CGRP a attiré de nouveaux patients migraineux qui prenaient des triptans remboursés. Le coût des anti-CGRP est important et, bien que l'extrapolation soit sujette à des limitations, les dépenses liées à cette nouvelle classe sont beaucoup plus importantes que celles liées aux triptans et ce, pour un nombre de patients qui représente (aujourd'hui) un quart de ceux qui sont traités par des triptans", conclut le Pr Marc Van De Casteele.