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A l'heure où la France ne vit plus qu'au rythme des sorties politiques et des coups d'éclats présidentiels, le médicament a également démarré une vaste campagne de sensibilisation nationale. Son slogan : " Les médicaments, ne les prenez pas n'importe comment ! ". Son objectif : faire prendre conscience aux Français des risques liés à la banalisation de la consommation du médicament et réaffirmer le rôle prépondérant des professionnels de santé. Champion européen Spot TV omniprésent, publicités savamment placées dans les grands magazines nationaux, témoignages de patients et de professionnels de la santé tournant en boucle sur les ondes de quelque 850 radios aux heures de grande écoute, affiches placardées dans tous les cabinets de médecins et officines publiques... En ces temps de restrictions budgétaires, le Ministère de la Santé publique n'a pas vraiment lésiné sur les moyens. Il faut dire que la tâche est loin d'être mince. La France reste en effet le premier consommateur européen de médicaments sur l'ensemble des classes thérapeutiques (Etude DREES 2010). La consommation française en unités standardisées par habitant est de 40 % supérieure à la moyenne observée dans 7 pays européens (Allemagne, Danemark, Espagne, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suisse). En 2010, en moyenne, chaque habitant a consommé 48 boîtes de médicaments. Un équilibre ténu Pour tenter d'enrayer cette banalisation de la consommation, cette campagne insiste sur la nature active du médicament, et par conséquent, sur ses risques potentiels. " Nous pouvons faire évoluer les mentalités en rappelant ce qu'intrinsèquement le médicament veut dire ", témoigne Abdu Gnaba, socio-anthropologue soutenant l'action. " Etymologiquement, le médicament signifie à la fois remède et poison. C'est l'ambivalence entre un corps étranger, qui pourrait être perçu comme agressif, et en même temps un objet formidable tant il est porteur d'espoir. Et parce qu'il est intrinsèquement ambivalent, le médicament ne vaut que s'il est maîtrisé. " Enfin, derrière cette action ambitieuse, le gouvernement entend également redorer quelque peu la confiance des Français, plutôt frileux depuis l'affaire Mediator à répondre aux battements de cils du secteur pharmaceutique.