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Le Département de psychologie de la faculté de Médecine de l'Université de Namur a réalisé une enquête sur l'impact de la crise sanitaire liée au coronavirus sur le bien-être des pharmaciens d'officine. L'une des auteurs, Joëlle Berrewaerts, présente les résultats sur la chaîne YouTube de l'UNamur. Cette étude a été menée entre le 15 et le 28 avril derniers auprès de 293 pharmaciens (âge moyen 45 ans, 82% de femmes, 61% à temps plein, 41% en environnement urbain et 25% rural). Ils étaient issus de la partie francophone du pays, avec une petite sous représentation de Bruxelles et une sur-représentation du Brabant wallon. Signalons qu'au moment de l'enquête, 2,4% étaient sous certificat médical pour cause de Covid-19. A l'image d'autres études, cette enquête-ci montre à nouveau qu'une grande majorité des pharmaciens n'ont pas l'impression d'avoir été suffisamment pris en considération par les autorités belges, ni qu'elles leur ont donné les moyens de mettre en place les aménagements pour pouvoir servir les patients en toute sécurité. Parmi les changements apparus depuis le début de la crise sanitaire, une majorité estime que leur charge de travail a augmenté. On ne sera donc pas étonné qu'une majorité estime que son bien-être s'est dégradé: 90% sont plus fatigués, 34% plus déprimés, 79% plus stressés, 74,4% plus épuisés et 35% se disent proches du burnout. De plus, 46% ont plus de problèmes de sommeil et 46% éprouvent plus de difficultés pour se concentrer, les deux pouvant être liés. Cette série d'impacts négatifs peut s'expliquer par plusieurs facteurs: le fait de ne pas se sentir suffisamment pris en considération par les autorités, d'être confrontés à des patients plus stressés ou plus exigeants que d'habitude, d'être exposés au risque d'attraper le coronavirus au travail, ou à d'autres facteurs de stress personnel. Mais, à côté, les chercheurs ont également pu mettre en évidence des éléments protecteurs: le sentiment d'avoir accompli des choses positives au travail, de se sentir plus utile qu'avant, le fait de se sentir épanoui au travail ou encore que des patients se montrent plus reconnaissants et plus compréhensifs."L'impact de la crise sanitaire sur la santé mentale ne doit pas être négligé. Toutefois, il serait intéressant d'explorer dans une seconde enquête si ces changements peuvent avoir un impact à plus long terme", conclut Joëlle Berrewaerts.