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"Les solutions de perfusion sont utilisées chez la majorité des patients hospitalisés, mais pas toujours de façon optimale. Améliorer leur utilisation, c'est diminuer les risques évitables pour les patients, diminuer les coûts pour les hôpitaux et également l'empreinte carbone !", fait observer la Pre Anne Spinewine en annonçant sur LinkedIn la publication de l'étude que son équipe a menée en 2019 au CHU-UCL Namur. Ce travail vient de paraître dans Int J Clin Pharm le 11 novembre 2024.L'utilisation inappropriée de solutions de perfusion (IV) entraîne en effet une surcharge liquidienne, des troubles électrolytiques et une augmentation des coûts. Voilà pourquoi cette équipe s'est employée à décrire la prescription de ce type de solutions et sa pertinence chez les patients hospitalisés.Cette étude de prévalence ponctuelle a été menée dans deux sites (universitaire et général) d'un hôpital de soins tertiaires, le CHU-UCL Namur. Tous les patients hospitalisés (à l'exception de ceux du bloc opératoire) et tous les liquides IV prescrits au cours d'une période de 24 heures ont été analysés. Les données collectées comprenaient le type, le débit et le volume administré. Chaque liquide IV a été classé en fonction de son indication : réanimation/remplacement, entretien, gestion de la perméabilité des cathéters, administration de médicaments. La pertinence a été évaluée à l'aide de critères prédéfinis et validés par les cliniciens présents.Résultats ?Des solutions de perfusion ont été administrés à 60% des patients, avec une médiane de 3 poches IV par patient et un volume quotidien médian de 1000 ml. La majorité des prescriptions visait des indications non cliniques : parmi les 1162 poches de liquide IV prescrites, 61,2% étaient destinées à l'administration de médicaments et 22,1% au maintien de la perméabilité du cathéter. Celles relatives à des indications cliniques représentaient seulement 10% et 7% des poches de perfusion IV prescrites respectivement pour l'entretien et pour le remplacement/réanimation.Une utilisation inappropriée a été observée pour 44% de l'ensemble des poches (57% des patients avec une perfusion IV) : 58% de celles utilisées pour l'administration de médicaments, 26% pour le maintien de la perméabilité des cathéters et 15% pour l'entretien ou le remplacement/réanimation, représentant un volume médian de 300ml par patient et des coûts médians de 4,60€ par patient. "L'utilisation inappropriée de fluides IV est fréquente chez les patients hospitalisés et entraîne des coûts importants. Des stratégies d'optimisation sont nécessaires", concluent les auteurs."Depuis lors, notre équipe de pharmacie clinique, en collaboration avec une équipe multidisciplinaire, a activement travaillé à revoir les processus et former le personnel soignant sur l'entretien des voies vasculaires, l'administration IV lente de certains médicaments, et la bonne prescription de ces solutions. Ce travail se poursuit encore aujourd'hui", a commenté Anne Spinewine.