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Le Cadre Pluriannuel contribuera sans nul doute à tracer le lit de notre rivière dans les années à venir ; pour l'heure, il ne s'agit toutefois encore que d'un cadre dont les modalités concrètes restent largement à clarifier. Entre-temps sont déjà entrées en vigueur un certain nombre de mesures qui ont suscité bien des points d'interrogation lors de leur divulgation - des écueils potentiels qu'il a pourtant bien fallu négocier tant bien que mal.Il y a trois semaines, la dispensation des produits pharmaceutiques a ainsi connu quelques changements assez radicaux. Dans un premier temps, il semblait que les sprays nasaux à base de corticostéroïdes perdraient tous leur statut Rx et seraient donc simplement disponibles en vente libre dans les officines. Une bonne affaire pour la santé publique et plus encore pour son budget - pour les patients un peu moins, la mesure étant peut-être bénéfique pour leur santé mais pas forcément pour leurs finances. Il est vrai que le surcoût était, pour eux, quelque peu compensé par le fait de ne plus devoir perdre leur temps et leur argent chez le généraliste... n'était que l'on avait un peu, dans toute cette histoire, oublié les malades chroniques. Oups. Il a donc été décidé que les produits concernés resteraient remboursés sur prescription, mais moins, puisqu'ils passeraient de catégorie B en catégorie Cx. Re-oups, puisque cette dernière n'est normalement pas prise en compte dans le calcul du MàF. Soit, on fera une exception spécialement pour les sprays nasaux à base de corticostéroïdes, qui continueront bien à être pris en compte dans le MàF malgré le changement de catégorie de remboursement.La mesure devrait entrer en vigueur au 1er avril, ce qui fut fait... en un sens. En effet, si les patients munis d'une prescription paient désormais bien leur spray plus cher, on peut se demander où sont les OTC annoncés. Nous avons visité une dizaine d'officines, dont une seule avait connaissance d'une unique marque en vente libre. Et mon produit habituel ? Non. Hein ? Allo, l'AFMPS ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? C'est là qu'on m'explique le fin mot de l'affaire : la ministre peut appeler le changement de ses voeux, mais il n'est pas en son pouvoir de l'imposer. En d'autres termes, elle peut "recommander vivement" tout ce qu'elle veut aux entreprises pharmaceutiques... mais in fine, celles-ci feront à leur guise. Et encore, car elles-mêmes dépendent aussi de la procédure initialement suivie pour la demande d'autorisation : dans certains cas, il est possible qu'elles doivent entièrement la refaire. Une opération coûteuse et chronophage aux résultats aléatoires, puisque l'indication ne pourra être scindée que si les autres États-membres suivent.Pour l'heure, le secteur pharmaceutique reste discret. Un seul (nouveau) produit est disponible sous statut OTC et un second est autorisé mais pas encore présent dans les rayons des pharmacies, même si ce n'est sans doute qu'une simple question de temps. Et les autres ? Mystère et boule de gomme... car la ministre a beau vouloir, elle non plus n'a pas toutes les cartes en main.