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L'importance grandissante des mycoses est liée à l'incidence croissante des infections fatales qu'elles ont entraîné durant les deux dernières décennies, particulièrement les candidémies (en Belgique, 226 décès liés aux septicémies à Candida) et les aspergilloses invasives chez des patients immunodéprimés (169 décès), précisent les auteurs du Rapport 2016-17: "Cette augmentation est attribuée à un accroissement du nombre de patients soumis à un traitement immunodépresseur (patients cancéreux, greffés de moelle ou d'organe) et à l'intensification de ce type de traitement. Les patients infectés par le VIH ont également participé à cette augmentation, mais un déclin des infections mycosiques liées au sida a été observé ces dernières années dans les pays bénéficiant d'une couverture en traitement antirétroviral élevée. Un diagnostic rapide et précis est nécessaire chez ces patients vulnérables de façon à orienter rapidement le clinicien vers une thérapeutique adaptée". Cependant, les tests de diagnostic les plus sensibles ne sont pas utilisés systématiquement, ce qui peut expliquer la sous-estimation de ce type d'infections.En suivant l'épidémiologie des mycoses en constante évolution, on surveille l'incidence des différentes espèces et l'émergence des résistances (intrinsèques ou acquises), ce qui permet une prise en charge adaptée et à jour. "Actuellement, on constate une proportion croissante de candidémies non albicans, potentiellement plus résistantes au fluconazole. On observe également des taux croissants de résistance aux azolés dans les aspergilloses. Les facteurs déterminant cette évolution sont l'utilisation des antifongiques dans les hôpitaux, mais également dans les soins de santé primaires et, en particulier pour l'aspergillus, la forte utilisation de pesticides azolés dans l'agriculture", expliquent-ils. En détail: 15 et 8 cas de cryptococcose ont été notifiés respectivement en 2016 et en 2017, soit une incidence de 0,13/100.000 habitants en 2016 et de 0,07/100.000 habitants en 2017. Pour les mycoses superficielles, Trichophyton rubrum reste en Belgique le premier agent responsable, tous prélèvements confondus. Le complexe Trichophyton mentagrophytes est le second agent le plus déclaré, fréquemment responsable de mycoses superficielles de la peau et de l'ongle.Ce rapport épidémiologique est rédigé de manière bisannuelle par Sciensano et le CNR mycoses mais, mettent en garde les auteurs, il ne donne pas une image exhaustive de l'épidémiologie des mycoses en Belgique.