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"Pour le moment, d'un point de vue médical, il reste un clair avantage à se faire vacciner, même par AstraZeneca. D'autant plus que ce dernier a de très bons résultats au niveau protection après une dose", a précisé Pierre-Louis Deudon, médecin généraliste et inspecteur d'hygiène à la Cocom, au cours de ce webinaire qui peut être revu en ligne.Il est revenu sur l'effet secondaire grave 'Vaccine-induced Immune Thrombotic Thrombocytopenia', relevé avec ce vaccin à adénovirus. "Il s'agit de thromboses à des endroits inhabituels (au niveau digestif et des sinus cérébraux), associées à une thrombopénie, qui surviennent 5 à 30 jours après la première dose de vaccin et similaires à la thrombopénie induite par l'héparine. Cet effet secondaire est rare (1/200.000 à 1/1 million de personnes vaccinées, souvent chez des femmes et <55 ans et les facteurs de risque habituels ne comptent pas). Le mécanisme est sans doute plutôt dû au vecteur viral, au fait qu'on utilise un adénovirus, parce qu'on rencontre parfois cet effet dans certaines infections virales". Cet effet secondaire est donc rare, impressionnant et parfois fatal, ajoute-t-il: "Actuellement, la mortalité est de 20%, mais en sachant qu'on n'était pas préparé, la mortalité va donc certainement baisser vu qu'on est plus attentif à la survenue de ce problème. Cependant, dans la situation épidémiologique actuelle, si on compare avec le risque de ne pas se faire vacciner (risque d'aller en soins intensifs), on a toujours un avantage à se faire vacciner par AstraZeneca. Même pour les 20-29 ans, on a presque un facteur 7 de risque augmenté avec le Covid par rapport au vaccin. Et au-delà de 50 ans, la question ne se pose même pas: on a 100 fois plus de risques sans le vaccin qu'avec! Il faudra voir ce qui se passe quand la circulation du virus sera moins importante et qu'il y aura donc moins de risque d'aller en SI". "La CIM n'a pas décidé une interdiction d'administrer le vaccin AstraZeneca au moins de 55 ans, mais, de ne pas le recommander. Cette décision était possible parce qu'on dispose d'autres vaccins à administrer aux plus jeunes et parce qu'on est à un stade de la campagne où les moins de 55 ans n'étaient pas encore invités. Enfin, c'est le temps d'avoir d'autres données sur les effets indésirables (statistiques, causalité), d'évaluer la balance bénéficie/risque et d'avoir des informations sur la seconde dose. Enfin, la limite d'âge sera sans doute revue. Cela n'a pas d'impact sur la campagne, mais bien sur la confiance", regrette-t-il. Fiches, affiches et BruvaxDes outils de sensibilisation seront envoyés aux pharmaciens non pas à la mi-avril, comme annoncé, mais début mai. Il s'agit d'une fiche d'information avec des infos pratiques pour le patient: vaccination, transport gratuit, comment prendre rendez-vous, adresses des centres de vaccination; d'une fiche plastifiée A4 expliquant comment prendre un rendez-vous à Bruxelles via Bruvax, les options de transport, des réponses aux questions les plus fréquemment posées (en français et en néerlandais); et d'une affiche disant que le pharmacien peut conseiller sur la vaccination Covid-19. "C'est important parce que le pharmacien est le premier relai pour discuter plus librement avec le patient", insiste le Dr Deudon. D'autres outils de communication en plusieurs langues se trouvent sur coronavirus.brussels Lors de ce webinaire, la nouvelle plateforme Bruvax, disponible dès aujourd'hui 19 avril, a été présentée. L'objectif est de faciliter le processus d'inscription, de palier aux invitations non reçues (jusqu'à 12% se perdaient), de limiter la fracture numérique, de permettre aux acteurs de terrain (médecins, pharmaciens...) d'aider le patient et de simplifier l'accès à la liste d'attente (limitée par l'âge). Solidarité, transparenceOutre l'intérêt collectif et individuel de la vaccination contre le Covid-19, le Dr Deudon a rappelé les raisons éthiques qui plaident en sa faveur: "La solidarité, l'interdépendance de l'état de santé des uns et des autres. Le choix du vaccin n'est pas une liberté fondamentale, contrairement à ce que certains revendiquent, vu que l'intervention proposée c'est la vaccination, et pas le type de vaccin. Pourquoi? Parce que, actuellement, on ne peut pas se permettre le luxe de donner un choix complet du vaccin et parce qu'on n'a pas envie de sombrer dans l'idée du premier arrivé, premier servi".Une autre raison est l'absence actuelle de traitement. "Le confinement est efficace mais il y a plein de points négatifs. Par ailleurs, on ne peut pas laisser le virus faire, on doit garder une notion de solidarité c'est la base de notre démocratie, on doit considérer que chaque vie est équivalente et on ne peut pas risquer une fracture anthropologique entre ceux qui sont morts pendant la crise et ceux qui ont survécu, au risque de mettre en péril la cohésion de notre société". "La vaccination est aussi la solution la plus efficace contre les virus et celle qui a le meilleur rapport coût/efficacité. Si on laisse faire le virus, sur base des prévisions actuelles, et sans tenir compte de variants qui échapperaient à l'immunité naturelle, la Belgique compterait entre 70 et 80.000 morts, ce qui n'est pas éthiquement, ni humainement acceptable."Enfin, on veut un choix éclairé: c'est l'objectif de ce webinaire de sensibilisation et faire cela en lien avec la solidarité, l'honnêteté et la transparence. C'est aussi mon objectif, j'essaye d'être le plus honnête et transparent possible", conclut-il.