Une étude pilote a démontré que l'utilisation en officine d'une application web pour la gestion des maux de tête légers, modérés et sévères est un outil précieux, tant pour le personnel de la pharmacie que pour les patients. Elle a permis d'identifier efficacement les patients nécessitant une prise en charge médicale spécialisée.
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Les maux de tête constituent une plainte fréquente au comptoir. Les systèmes informatisés d'aide à la décision en pharmacie (Computerized pharmacy decision support systems, PDSSs) peuvent apporter une aide efficace aux pharmaciens d'officine lorsqu'ils conseillent les patients, afin de le guider et de reconnaître ceux qui nécessitent des soins urgents ou spécialisés.Une équipe française, menée par le Dr Serge Perrot (Centre de la douleur, Hôpital Cochin, Paris), a réalisé une étude pilote d'observation pour évaluer une application web PDSS développée selon les recommandations de la Société Francophone des Sciences Pharmaceutiques Officinales (SFSPO) pour la prise en charge des céphalées. Cette application a été testée dans les pharmacies, dont le personnel a été formé, dans 2 régions françaises, les Hauts de France et la Nouvelle Aquitaine. Toutes les personnes qui se sont rendues dans ces pharmacies pour des maux de tête entre le 29 juin 2020 et le 31 décembre 2020 se sont vues proposer un entretien basé sur l'appli web PDSS, elles ont reçu des informations sur les étapes de la prise en charge et des conseils sur le bon usage des médicaments OTC (paracétamol, ibuprofène ou aspirine). Résultats?Sur les 44 pharmacies qui ont reçu l'application web PDSS, 38 (soit 179 employés) l'ont utilisé et 435 personnes y ont consulté pour des maux de tête. Le questionnaire en ligne comprend 15 questions et est effectué en 4 minutes ou moins. Parmi les patients, 70% ont demandé des analgésiques en vente libre et ont répondu au questionnaire. La majorité de ces derniers ont reçu uniquement des conseils et des analgésiques (79,5%); mais, 17% ont reçu des analgésiques et ont été orientés vers les urgences et 3,5% ont reçu des analgésiques et ont été orientés vers leur médecin généraliste. Sur ces 435 consultations, le paracétamol était l'analgésique le plus couramment délivré (63,2%), suivi par l'ibuprofène (31,3%) et l'aspirine (5,5%). Parmi les patients qui ont seulement reçu un antalgique, le paracétamol était à nouveau le plus fréquemment délivré (51,4%) devant l'ibuprofène (40,2%) et l'aspirine (8,1%). En revanche, chez les patients orientés vers les urgences, c'est l'ibuprofène qui était plus fréquemment délivré (50%) devant le paracétamol (40,5%) et l'aspirine (9,5%).Tous les pharmaciens (45) étaient satisfaits ou très satisfaits de l'utilisation de cette application, et la majorité d'entre eux pensaient qu'elle améliorait la qualité de leurs soins (93,2%). La plupart des pharmaciens ont estimé que l'application avait modifié leur approche de la prise en charge des céphalées (64,4%). La plupart des patients ont été très satisfaits de l'application Web PDSS pendant leur consultation (80,7%), et tous se sont sentis plutôt ou complètement rassurés. Les patients et le personnel de la pharmacie ont déclaré être satisfaits de cette application à la suite des consultations ou au cours d'une période de suivi (du 18 au 25 janvier 2021)."L'utilisation de l'application Web PDSS pour la prise en charge des patients souffrant de céphalées a amélioré la qualité perçue des soins par le personnel pharmaceutique et les patients. Cette application a été bien acceptée et a permis d'identifier efficacement les patients nécessitant une prise en charge médicale spécialisée. D'autres études devraient identifier des "signaux d'alarme" supplémentaires pour un dépistage et une prise en charge plus efficaces des patients via cette application. Des études de plus grande envergure sont justifiées pour optimiser de tels outils pour l'automédication en vente libre", concluent les auteurs dont les résultats ont paru dans l'Interact J Med Res 2022;11(2):e35880.