Le recours aux thérapies alternatives et complémentaires a connu une croissance exponentielle ces dernières années. Une revue de la littérature donne des lignes directrices, basées sur les preuves, pour la gestion d'une série de troubles mentaux.
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La Fédération mondiale des sociétés de psychiatrie biologique (WFSBP) et le Réseau canadien pour le traitement de l'anxiété et des troubles de l'humeur (CANMAT) ont réuni un groupe de travail international de 30 universitaires et cliniciens issus de 15 pays afin de mettre à jour les recommandations sur la base d'une revue de la littérature scientifique.L'examen et les nouvelles directives cliniques se sont concentrés sur des études portant sur l'effet des nutraceutiques (produits naturels à base de nutriments) et des phytoceutiques (produits naturels à base de plantes) sur des troubles mentaux courants: troubles de l'humeur tels que le trouble dépressif majeur et le trouble bipolaire; troubles anxieux tels que le trouble anxieux généralisé, le trouble obsessionnel compulsif et la trichotillomanie; troubles psychotiques tels que la schizophrénie; et trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH).Leurs conclusions sont publiées dans le World Journal of Biological Psychiatry. Voici quelques conclusions clés de cette étude :Troubles de l'humeur :Les acides gras oméga-3 d'appoint (en co-utilisation avec les antidépresseurs) et le millepertuis en monothérapie sont recommandés.Les probiotiques d'appoint, le zinc, le méthylfolate et le safran et la curcumine d'appoint ou en monothérapie sont provisoirement recommandés.La vitamine D et la lavande en adjonction ou en monothérapie, les probiotiques en monothérapie et la S-adénosyl méthionine (SAMe) en adjonction sont faiblement recommandés.Les acides gras oméga-3 et la SAMe en monothérapie, la N-acétylcystéine (NAC) en adjuvant et la vitamine C, le tryptophane, la créatine et la rhodiola en adjuvant ou en monothérapie pour le traitement de la dépression unipolaire présentent des données mitigées et ne peuvent pas être clairement recommandés actuellement.L'acide folique, l'inositol et le magnésium en adjuvant ou en monothérapie n'ont montré aucune efficacité et ne peuvent donc pas être recommandés pour le traitement de la dépression.Troubles anxieux :L'ashwagandha et la lavande en adjonction ou en monothérapie sont provisoirement recommandés, tandis que la NAC en adjonction et la galphimie en monothérapie sont faiblement recommandées. Dans le cas de la camomille en adjuvant ou en monothérapie, les données sont mitigées.L'utilisation en monothérapie du kava dans le trouble d'anxiété généralisée n'a montré aucune efficacité et ne peut donc être recommandée pour cette application spécifique.Schizophrénie :La NAC et le méthylfolate en adjonction sont provisoirement recommandés pour les symptômes négatifs de la schizophrénie, tandis que la vitamine D ou le ginkgo en adjonction sont faiblement recommandés.Les acides gras oméga-3 adjuvants et en monothérapie n'ont montré aucune efficacité dans la schizophrénie et ne peuvent donc pas être recommandés pour cette maladie.De faibles preuves existent cependant pour les oméga-3 dans la dépression bipolaire, tandis que la NAC n'est pas actuellement recommandée pour cette application.TDAH :Les micronutriments en monothérapie et la vitamine D en adjuvant ou en monothérapie sont faiblement recommandés, tandis que les données sont mitigées dans le cas des acides gras oméga-3, du zinc et du ginkgo en adjuvant ou en monothérapie.Les acides gras oméga-9 et l'acétyl-L carnitine en adjuvant ou en monothérapie n'ont montré aucune efficacité et ne peuvent donc pas être recommandés dans le TDAH.L'étude fournit également des détails sur les questions de sécurité et de tolérance, ainsi que des conseils cliniques concernant la prescription et la prise en compte de l'utilisation dans des populations spécialisées."L'examen et les nouvelles directives cliniques constituent un travail important qui permet de combler les lacunes actuelles des directives et d'aider les cliniciens à adopter une approche fondée sur des données probantes pour prendre des décisions en relation avec l'intérêt croissant et l'utilisation de suppléments pour les principaux troubles psychiatriques. Il s'agit de la plus grande méta-synthèse internationale dans ce domaine analysant des preuves issues d'essais cliniques et de données dans le monde entier, concernant plus de 10.000 personnes traitées pour des troubles psychiatriques", indique le Pr Jerome Sarris (Université de Western Sydney), président du groupe de travail. "Je prescris plusieurs de ces thérapies dans ma pratique, qui inclut de nombreuses personnes qui n'ont pas obtenu de bénéfice des traitements approuvés. Mais je m'assure toujours d'avoir une discussion approfondie avec le patient sur les risques et les avantages connus et potentiellement inconnus. Je conseille également aux personnes souffrant de troubles psychiatriques plus graves qui souhaitent utiliser ces remèdes naturels de le faire de préférence sous la supervision d'un clinicien qualifié", commente le Dr David Mischoulon, professeur de psychiatrie à la Harvard Medical School et co-auteur de l'étude.L'étude et les directives cliniques peuvent être consultées en ligne.