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Il est fréquent que les problèmes de santé mentale se manifestent pour la première fois pendant l'enfance : un tiers des individus connaissent leur premier trouble mental avant l'âge de 14 ans, les troubles anxieux représentant la majorité des affections mentales dans cette tranche d'âge.Ces derniers sont diagnostiqués lorsque les peurs et les inquiétudes sont extrêmes, persistantes, qu'elles s'écartent des normes de développement et qu'elles entraînent une déficience fonctionnelle. Les troubles anxieux restent sous-reconnus et sous-traités chez les enfants, ce qui a des conséquences tout au long de la vie. Le fait de souffrir d'un trouble anxieux pendant l'enfance augmente le risque de souffrir d'anxiété ou de dépression à l'âge adulte. En outre, l'anxiété vécue dans l'enfance augmente également le risque de tentatives de suicide ultérieures, d'admissions en psychiatrie et d'abus d'alcool ou de substances.Un article paru dans l'édition de juin du Pharmaceutical Journal (2023;310:7974) incite tout professionnel de la santé travaillant avec des enfants et leurs familles, à comprendre ces troubles et la manière dont ils sont traités.Traitements de première intentionA côté des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), il est prouvé que les interventions pharmacologiques sont efficaces et généralement bien tolérées chez les enfants et les adolescents. Parmi elles, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS, SSRI en anglais) sont les médicaments de première intention. Dans la pratique, en particulier chez les enfants plus âgés ou lorsque les symptômes sont graves, une approche thérapeutique combinée (TCC + ISRS) est souvent utilisée. Il peut être nécessaire d'utiliser un médicament seul, par exemple lorsqu'un jeune ne peut ou ne veut pas s'engager dans un traitement psychologique, ou lorsqu'un retard dans l'accès à la thérapie psychologique serait préjudiciable."Il est recommandé d'augmenter progressivement la dose, en commençant généralement par la moitié de la dose initiale habituelle pendant au moins la première semaine (par exemple, 12-25 mg/jour de sertraline ou 5-10 mg/jour de fluoxétine) avant d'atteindre les doses habituellement utilisées chez les adultes (par exemple, 50-200 mg/jour de sertraline ou 20-60 mg/jour de fluoxétine). Bien qu'il n'y ait pas de limite d'âge spécifique, l'utilisation des ISRS est plus fréquente chez les adolescents que chez les jeunes enfants et l'utilisation chez les très jeunes enfants est rare. Les enfants souffrant de troubles de l'apprentissage nécessitent une approche plus prudente de l'utilisation des médicaments car ils sont plus exposés aux effets secondaires, et les doses initiales sont donc souvent encore plus faibles", précise l'auteure, Rachel Hogan. "Les symptômes s'améliorent lentement et il faut parfois attendre 12 semaines ou plus pour que les effets soient maximaux. Les ISRS sont généralement bien tolérés par les enfants et les adolescents, avec des effets secondaires potentiels similaires à ceux observés chez les adultes ; toutefois, le syndrome d'activation comportementale et l'agitation sont plus fréquents. Il s'agit de l'un des points importants en matière de conseil", indique-t-elle.L'activation comportementale survient parfois au début du traitement (au cours du premier mois) ou à la suite d'une augmentation de la dose. Elle est plus fréquente chez les jeunes enfants, mais disparaît après une réduction de la dose ou un arrêt du traitement. Les symptômes sont les suivants : agitation motrice ou mentale, insomnie, impulsivité, bavardage, comportement désinhibé et agressivité.Conseils et assistance en 10 pointsOn trouve dans le Pharmaceutical Journal, une série de points importants à discuter avec un jeune patient à qui on a prescrit un antidépresseur ISRS:-La dose doit être prise le matin car les ISRS peuvent provoquer des insomnies chez certaines personnes ;-Les ISRS peuvent aggraver l'anxiété au début, mais cela se limite généralement à la première ou aux deux premières semaines ;-Les effets secondaires fréquents au début du traitement, mais généralement de courte durée, comprennent les maux de tête et les symptômes gastro-intestinaux, tels que les nausées ;-En cas d'activation comportementale (voir encadré 1), d'apparition ou d'aggravation de sentiments perturbés ou d'idées d'automutilation, une discussion urgente avec le prescripteur s'impose ;-Les symptômes du syndrome sérotoninergique, qui est une affection rare mais importante, comprennent la fièvre, les nausées, les contractions musculaires et la confusion. En cas de suspicion de syndrome sérotoninergique, l'ISRS doit être arrêté et un avis médical doit être demandé ;-Les ISRS ne créent pas de dépendance ; aucune tolérance ne se développe et il n'y a pas de comportement de manque ;-Les effets bénéfiques apparaissent au bout de quelques semaines, mais peuvent prendre jusqu'à 12 semaines avant de se manifester ;-L'objectif du traitement est la rémission des symptômes et le traitement doit généralement être poursuivi pendant 12 mois après la rémission ;-L'arrêt d'un ISRS doit se faire progressivement sur plusieurs semaines afin de réduire le risque de symptômes d'arrêt.Parents et soignants"Il est important d'impliquer les parents et les soignants dans les stratégies de gestion de l'anxiété, en particulier avec les jeunes enfants. La psychoéducation est utile à la fois pour l'enfant et pour le parent ou le soignant, et il est important de donner des conseils aux parents ou aux soignants sur la manière dont ils peuvent aider leur enfant à surmonter son anxiété, y compris sur les styles de parentalité positive"."Des recherches supplémentaires sont nécessaires et l'accès au traitement doit être amélioré ; cependant, les troubles anxieux peuvent être traités efficacement. Les professionnels de la pharmacie peuvent aider les enfants et les familles en fournissant des informations et des conseils sur l'utilisation sûre des médicaments contre l'anxiété dans cette tranche d'âge", conclut Rachel Hogan.