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Quelle est l'importance de la non-observance des médicaments en soins primaires et existe-t-il des facteurs prédictifs? Pour le savoir, des chercheurs de l'université du Manitoba au Canada, Alexander G. Singer et al, ont mené une étude observationnelle rétrospective utilisant les ordonnances des prestataires de soins primaires liées aux données de délivrance des médicaments en pharmacie de 2012 à 2014. Ils ont analysé un total de 91.660 ordonnances à partir d'une cohorte de plus de 200.000 patients d'un réseau de soins primaires au Manitoba. Résultats? La non-observance du traitement primaire variait de 13,7% (antidépresseurs) à 30,3% (antihypertenseurs). Pour les affections qui se manifestent généralement par des symptômes (par exemple, les infections, l'anxiété), la non-observance variait de 13,7% à 17,5%. La fourchette était de 21,2% à 30,0% pour les médicaments liés à des affections asymptomatiques ou généralement détectées par dépistage (exception faite des hypolipidémiants pour lesquels la non-observance s'élevait à 15,2%). Les modèles basés sur les caractéristiques démographiques, cliniques ou du prestataire du patient n'ont pas permis de prévoir la non-observance primaire. "La faible prédictibilité des modèles suggère que la prudence est de mise lorsqu'on envisage des interventions ou des outils de prédiction basés sur ces caractéristiques pour améliorer la compliance", concluent les auteurs."La non-observance des traitements primaires, c'est-à-dire le fait qu'un patient n'exécute pas sa première ordonnance, est fréquente. Plusieurs études indiquent qu'une mauvaise observance des traitements augmente les événements cliniques indésirables, la morbidité, la mortalité et les coûts globaux des soins de santé. La non-observance est un obstacle majeur à la réussite du traitement et un défi considérable pour les prestataires de soins de santé. Savoir dans quelle mesure elle se produit dans des conditions spécifiques est la première étape pour la combattre", expliquent-ils."Il a été démontré que les taux de non-observance primaire varient entre 2,4% et 30,7%. Plusieurs facteurs liés au patient, au prestataire de soins, au contexte social et à la condition médicale ont démontré des associations avec des taux plus élevés de non-observance. Cependant, l'influence des caractéristiques spécifiques et leur pertinence en tant que prédicteurs de la non-observance primaire des médicaments varient considérablement. De plus, une grande partie de la recherche sur la non-observance primaire des médicaments s'est concentrée sur des populations spécifiques de maladies chroniques (par exemple, le diabète, l'hypertension) et, par conséquent, une approche plus globale est justifiée", estiment Alexander Singer et ses collègues. Ces données ont paru dans l'édition de juillet de la revue Canadian Family Physician (2022, 68(7):520-527).