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Qui boit? À Bruxelles, 11,7% des plus de 15 ans consomment quotidiennement de l'alcool et 5,7% une quantité quotidienne considérée comme dangereuse (plus de 4 verres pour les hommes et plus de 2 verres pour les femmes). En Wallonie, ils sont respectivement 9,8% et 5,2% (enquête HIS 2018). Les premières enquêtes ayant évalué l'impact de la crise sanitaire liée au Covid-19 sur la consommation d'alcool ont mis en évidence qu'environ un quart de la population a bu davantage durant le premier confinement, alors que cette consommation avait baissé chez les personnes buvant habituellement pour des raisons sociales, notamment chez les étudiants.Qui fume?Près de la moitié des Bruxellois (41,7%) et des Wallons (42,6%) de plus de 15 ans ont déjà fumé au moins 100 cigarettes au cours de leur vie et plus d'un tiers a déjà été consommateur quotidien de tabac pendant une période de moins de 12 mois. La consommation de tabac est toutefois en diminution . Environ 1 Bruxellois sur 6 et 1 Wallon/5 a déjà expérimenté la cigarette électronique mais seule une minorité (1,7%, 1,4%) l'utilise quotidiennement.Pendant la crise sanitaire, un tiers des consommateurs de tabac a déclaré avoir augmenté sa consommation (enquête Sciensano). De nombreuses personnes qui étaient en sevrage tabagique ont également rechuté à cause de l'anxiété et parce qu'elles n'avaient plus accès à leurs recharges pour cigarettes électroniques pendant le premier confinement.Qui prend des psychotropes? Environ une personne sur 10 (plus de 15 ans) a consommé, durant les deux dernières semaines, des somnifères ou des tranquillisants prescrits (9,7% à Bxls, 13,1% en Wallonie) ou des antidépresseurs prescrits (8,1% à Bxls, 9,2% en Wallonie). La consommation actuelle de somnifères/tranquilisants prescrits est en diminution, en revanche, on observe une légère augmentation de celle des antidépresseurs. Selon Pharmanet, le nombre de Belges ayant reçu une prescription remboursée d'un opioïde antalgique a quasiment doublé entre 2005 et 2019 (573.000 à 1.100.000), soit 10% de la population. Le produit le plus prescrit et le tramadol. L'usage détourné de prégabaline semble être en expansion chez les usagers précarisés.Durant la crise sanitaire, un peu moins d'un tiers des consommateurs de somnifères/tranquillisants a déclaré avoir augmenté sa consommation durant les premiers mois (enquête Sciensano). En décembre 2020, la proportion de consommateurs dont la consommation a augmenté s'est accentuée (41,6%).Qui fume du cannabis?À Bruxelles, 30,2% de la population de 15 à 64 ans aurait déjà consommé du cannabis au moins une fois dans la vie, 22% en Wallonie, et l'usage au cours des 30 derniers jours s'élève respectivement à 8,2% et 4,5%. Il est beaucoup plus fréquent chez les hommes que chez les femmes et concerne surtout les 15-24 ans. En Belgique, la prévalence d'usage de cannabis a significativement et continuellement augmenté depuis 2001, en particulier entre 2013 et 2018."Selon un sondage réalisé en 2019 par le Vif en collaboration avec Eurotox, 23,1% des Belges ont déclaré avoir déjà consommé des produits à base de CBD. En outre, 71,7% des usagers réguliers de cannabis psychoactif évoque au moins un motif que l'on peut considérer comme auto-thérapeutique pour justifier leur consommation de cannabis illégal".Durant la crise sanitaire, le cannabis est la drogue illégale dont la consommation a le plus augmenté pendant le premier confinement (enquête Sciensano).Quid des autres drogues?Pour Eurotox, la publication de son rapport est l'occasion de plaider pour la mise à disposition plus large de la naloxone de manière préventive auprès des usagers à risque, des travailleurs sociaux en contact avec ceux-ci ou dans les comptoirs d'échange de matériel stérile.À l'instar du cannabis, les autres drogues illicites sont particulièrement accessibles en Belgique, avec un rapport qualité/prix relativement satisfaisant du point de vue de l'usager. À Bruxelles, l'usage au cours de la vie d'une drogue illicite autre que le cannabis est de 11,7% chez les 15-64 ans, 6,8% en Wallonie. Les 25-44 ans sont les plus concernés. "Selon l'enquête Eurotox menée en 2019 auprès de plus de 1.700 usagers de drogues vivant en Belgique francophone, les psychostimulants, en particulier la MDMA (ecstasy) et la cocaïne, sont les substances illicites autres que le cannabis les plus consommées (62% et 54% en ont déjà consommé, respectivement). Un tiers des répondants ont également déjà pris de la kétamine"."L'usage récréatif de drogues illégales autres que le cannabis a diminué durant les premiers mois de la crise sanitaire. Mais, à partir de fin 2020, les consommations sont revenues à leur niveau précédent la crise, le dépassant même pour certains produits (en particulier les psychostimulants). Si l'usage récréatif de drogues a été réduit durant les premiers mois de la crise sanitaire, il semble désormais être reparti à la hausse, les usagers éprouvant probablement un besoin d'évasion dans ce contexte privatif, anxiogène et déprimant. La crise semble avoir aggravé les usagers problématiques, complexifié les problématiques et leur prise en charge, et fragilisé les services spécialisés et leurs travailleurs".Qui prend des nouvelles substances psychoactives (NSP)? "Le plus souvent commercialisées via des sites Internet épurés qui les présentent comme des Research Chemicals, elles sont aussi parfois importées en Europe où elles sont reconditionnées afin de ressembler aux drogues qu'elles imitent et être soumises à quelques règles de marketing comme un emballage soigné et un nom de vente attractif. Elles sont ensuite écoulées via des smartphones ou en ligne. Certaines sont également disponibles sur le darkweb, en particulier les NSP les plus populaires ayant fini par être interdites (méphédrone). Le nombre de NSP recensées sur le territoire européen était relativement peu élevé et constant au début des années 2000, mais il n'a cessé de croître passant de 13 en 2008 à 98 en 2015. Depuis 2016, le nombre est en diminution. Le nombre total de NSP surveillé en Europe s'élève actuellement à plus de 790 molécules distinctes. En Europe, en 2018, les cathinones synthétiques représentaient 36% des produits saisis, les cannabinoïdes de synthèse 28%, les benzodiazépines 12%, les arylcyclohexylamines 7%, les opioïdes 83%, les phényléthylamines 3% et les autres substances 12%".Dans la population générale, l'usage de NSP au cours des 12 derniers mois serait anecdotique en région bruxelloise (0,06% des 15-64 ans) et en Wallonie (0,5%). Un niveau de prévalence statistiquement équivalent à celui observé en 2013. Selon l'enquête Eurotox menée en 2019 auprès des usagers de drogues, l'usage régulier de ces produits ne concerne que 4% des répondants."La crise sanitaire et économique liée au Covid-19 pourrait potentiellement raviver l'offre et la demande de ce type de produits, en particulier en cas de pénurie de drogues classiques ou de flambée des prix".Qui joue aux jeux de hasard et d'argent? Un quart des Bruxellois de plus de 15 ans a joué au moins une fois à un jeu de hasard et d'argent au cours des 12 derniers mois (en ligne, hors-ligne ou les deux) et 7,8% de façon hebdomadaire, en Wallonie, ils sont respectivement 30,9% et 10,4%. Durant la crise sanitaire, la majorité des joueurs semble avoir eu une pratique des jeux de hasard et d'argent identique à la période antérieure à la crise. Cependant, les auteurs notent que la crise économique consécutive à la crise sanitaire pourrait avoir favorisé le recours désespéré aux jeux de hasard et d'argent chez les personnes en difficultés financières.L'ensemble des données sont à lire dans "L'usage des drogues en Région de Bruxelles-Capitale et en Wallonie", fiche de synthèse 2020, avril 2021.