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Les produits administrés à la petite Kimber se trouvent assez facilement dans les rayons des magasins américains. Leur notice précise clairement la posologie adaptée aux enfants âgés entre 4 et 12 ans. Une précision d'importance qui a pourtant échappé à la grand-mère de la fillette, prise de crampes douloureuses dans les jambes, puis de spasmes, avant de décéder à l'hôpital. Dans son sang, le médecin légiste a détecté 96ng/ml de dextrométhorphane et 490 ng/ml de cétirizine. Or, pour un adulte, les doses autorisées sont de 40 ng/ml de dextrométhorphane et de maximum 352 ng/ml de cétirizine. Cet incident a profondément secoué les Américains et poussé la FDA à retirer aussitôt les produits incriminés des rayons OTC. Réaction de Bachi Le lien entre cet incident et la polémique autour des antitussifs dans notre pays est plus qu'évident. " Même si nous ne pouvons pas vraiment établir une réelle comparaison ", commente Hilde Dejong de Bachi, l'association-coupole des entreprises de produits OTC. " En cas d'usage correct, il n'y a d'ailleurs aucune interaction directe entre les deux médicaments, comme démontré par la recherche. En outre, en Belgique, nous ne trouvons pas cette combinaison dans les antitussifs. La cétérizine n'est délivrable que sur prescription dans notre pays. Il faut clairement préciser que chez cet enfant, tant le dextrométhorphane que la cétérizine étaient présents dans le sang à des dosages bien trop élevés - quatre fois trop élevé pour le premier, deux fois pour le second. En surdosage, les deux médicaments ont des effets secondaires centraux, qui dans ce cas, se sont probablement renforcés l'un l'autre. De plus, nous ignorons également quels autres produits étaient présents dans ce sirop contre la toux. Peut-être contenait-il d'autres substances comme de la pseudoéphédrine, de la diphénhydramine ou du paracétamol, soit des formes qui ne sont pas disponibles dans notre pays. "Conclusions Bachi veut tirer les leçons de ce grave incident. " Cet enfant a vraisemblablement reçu un sirop pour adultes. Ce qui prouve une fois encore qu'il existe bel et bien un réel danger de surdosage quand aucun dosage pour enfant n'est mentionné sur la notice et l'emballage des antitussifs, ni la contre-indication pour les enfants de moins de 12 ans, comme la loi l'exige. " Mais l'association des entreprises OTC tient surtout à insister sur la différence entre la Belgique et les Etats-Unis. " La Belgique dispose d'un réseau de distribution bien plus sûr doté d'une délivrance stricte sous la gouverne exclusive des pharmaciens. L'AFMPS impose également des normes de sécurité à l'industrie pharmaceutique qui applique elle aussi une bonne pharmacovigilance. Pour Bachi, une seule approche correcte prévaut pour promouvoir le bon usage du médicament : donner une information claire et solide sur la manière d'utiliser le médicament et fournir au patient les moyens nécessaires pour prendre le dosage adapté, comme par exemple une cuillère graduée. Les récentes mesures prises par l'AFMPS constituent un pas dans la mauvaise direction : en interdisant les sirops contre la toux aux enfants de moins de 6 ans, et donc en ôtant le dosage pour les enfants de la notice, tout comme des moyens gradués adaptés, on augmente le risque au lieu de le diminuer. "