La ministre de la Santé doit présenter ce mercredi en commission sa note d'orientation politique. Mais la Chambre a déjà publié le discours que prononcera Maggie De Block. " Une note administrative bâclée ", estime-t-on sur les bancs de l'opposition parlementaire.
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L'exercice rituel aura lieu ce mercredi après-midi. La ministre des Affaires sociales et de la Santé publique va exposer à la Commission de la Chambre sa note d'orientation politique. Disponible en ligne, le texte de 10 pages, dont 5 sont réservées aux soins de santé, s'est déjà attiré les critiques de députés. " Ce genre de présentation, c'est l'occasion de mettre les points sur les 'i' ou de réaliser une démonstration de force, de maîtrise des dossiers. Son exposé est un peu maigrelet et dénote soit d'une stratégie de défense, soit d'un manque d'intérêt ", nous indique-t-on dans les rangs de l'opposition." Les notes d'orientation sont censées donner une vision plus claire, plus précise, plus forte que l'accord de gouvernement. Ici c'est juste l'inverse. C'est décevant, on dirait une note administrative bâclée. J'espère que le débat sera d'une autre nature ", juge un autre membre de la Commission. Qui sait, la ministre réserve peut-être de grandes annonces en réponse aux députés.Car en substance, pas de grandes révélations à première vue dans cette note. La politique que compte mener Maggie De Block dans le domaine des soins de santé s'articule autour des trois mêmes axes prioritaires qu'elle s'est fixés pour la sécurité sociale : la durabilité et l'accessibilité du système ainsi que l'adéquation aux besoins actuels. Des objectifs méritoires que la note d'orientation semble se limiter à énumérer ou remettre en contexte. Parcimonie En ces temps difficiles sur le plan économique, Maggie De Block rappelle que les soins de santé devront contribuer à l'assainissement budgétaire " comme ce fut le cas sous les gouvernements et les ministres précédents " afin d'atteindre l'équilibre entre recettes et dépenses en 2018. La ministre entend mettre en place " un cadre budgétaire pluriannuel stable, clair et prévisible ", tout en insistant sur le fait que chacun doit participer aux efforts. Voilà pourquoi la nouvelle trajectoire de croissance implique des économies, avec une norme d'1,5% au-dessus de l'inflation. Et compte tenu des réductions de prix pour les médicaments et les implants qui résulteront d'autres mesures qu'elle adoptera, Maggie De Block considère que les effets de sa politique seront " indéniablement positifs pour le patient ". La ministre de la Santé exhorte tous les acteurs du secteur, industrie et associations de patients incluses, à s'impliquer étroitement dans le développement de sa politique. Mais en vue des larges économies, Maggie De Block compte particulièrement sur les dispensateurs de soins et les mutualités " qui dans le cadre du modèle de concertation de notre assurance maladie ont une grande liberté " et doivent à ce titre responsabiliser et cibler autant que faire se peut leurs dépenses. " Programme ambitieux " Maggie De Block ne désire pas être une simple argentière de notre système de soins. Elle veut veiller à ce qu'il rencontre " de façon optimale les défis futurs ": vieillissement de la population, augmentation des maladies chroniques, accès aux meilleurs médicaments et aux dernières innovations, stratégie eHealth profitant à la qualité des soins, une offre de soins de santé adaptée, avec des prestataires de soins en suffisance et motivés et une concordance cohérente des différentes lignes de soins, ... La ministre de la santé affirme qu'elle poursuivra le développement d'une vision intégrée et de l'organisation des soins pour les maladies chronique et les maladies liées au vieillissement, en collaboration avec les entités fédérées pour que de nouvelles formes de soins soient possibles. La simplification et l'informatisation des processus administratifs occuperont aussi une place centrale dans la politique de Maggie De Block. " D'ici 2019, je souhaite que tous les patients disposent d'un dossier électronique ". Changement de décor Autre chantier de taille, celui du paysage hospitalier. S'il est déjà question de réformer le financement des établissements de soins en menant à bien le projet élaboré par Laurette Onkelinx, la ministre de la Santé envisage une réorganisation globale. Par l'intermédiaire notamment de la " stimulation des hôpitaux de jour, la simplification de la transition vers l'environnement familial, la conversion des lits d'hôpitaux en accueil non résidentiel ou transmural ".Maggie De Block se souciera pareillement des soins de santé mentale. " La première ligne de soins ambulants doit être renforcée afin de réduire l'usage excessif de psychotropes et de lits psychiatriques ", donne-t-elle en exemple. Fidèle à l'accord de gouvernement, la politique de santé visera la garantie de l'accessibilité financière des soins. " Je pense ici au régime préférentiel et au statut OMNIO, au Maximum à facturer ", énumère la ministre, en quête par ailleurs de factures claires et lisibles par le patient dans un système où " la sécurité tarifaire peut être augmentée ".En synthèse, Maggie De Block ne devrait paradoxalement pas piper un mot sur les sujets où elle est le plus attendue. Citons entre autres la façon dont sa politique rendra plus transparente la structure de coûts des mutualités, le sort qu'elle réservera aux futurs médecins " diplômés-empêchés " à défaut de numéros Inami, ou encore la refonte du numerus clausus et au contingentement des spécialités médicales. Cela n'interdit pourtant pas à la ministre de déclarer que " 2015 sera une année de transformation pour les soins de santé ", en prenant les mesures budgétaires qui s'imposent mais également en entamant un nombre important de réformes.