Une pharmacie point relais?

Dans l'indispensable diversification des activités du pharmacien d'officine y a-t-il la place pour un point relais de délivrance et dépôt de colis? "Oui", répond Laurent Staquet qui n'a pas hésité à accueillir un point relais colis MondialRelay dans son officine située à Gouy-Lez-Pieton, commune de Courcelles dans la province du Hainaut. "Non", répond l'un de ses confères de l'entité de Chapelle-Lez-Herlaimont qui a déposé plainte auprès de l'AFMPS, arguant que cette activité peut nuire à la santé publique et qu'elle n'a pas sa place dans une officine. "Pour faire face à la concurrence en ligne, nous devons nous diversifier !", estime pour sa part Laurent Staquet et, pour défendre sont point de vue, il a lancé une pétition qui a déjà récolté plus de 500 signatures. "Depuis 10 ans, y explique-t-il, j'essaie de développer des services pour le bien de mes patients. La pharmacie est un monde en pleine révolution et le pharmacien doit comprendre que s'il ne propose pas de nouveaux services à ses patients, il va disparaître comme c'est le cas déjà malheureusement pour beaucoup de pharmaciens". Il observe ainsi que la moitié des colis reçus provient de pharmacies en ligne comme Medimarket, Newpharma, Pharmaline... "Ces chaînes peuvent, elles, envoyer des médicaments dans n'importe quel point relais sans aucun contrôle des zones de stockage, des températures, et moi, je ne peux donner un colis fermé depuis mon comptoir de pharmacie. La survie des pharmacies indépendantes de village passent par plus de services, plus de conseils, plus de réductions, plus d'accessibilité, plus de disponibilité, plus d'écoute... (...) Aidez-moi à garder une pharmacie à Gouy-Lez-Pieton !", s'écrie-t-il. Meilleure protection face à la vente en ligneCette affaire a fait réagir le groupe MR à la Chambre estimant qu'elle "illustre la nécessité de soutenir la liberté d'action et d'initiative indispensable pour la pérennité d'une profession de santé publique qui évolue et doit s'adapter". "Le pharmacien Laurent Staquet respecte le cadre réglementaire de l'officine pharmaceutique. L'AFMPS par sa visite d'inspection a confirmé que le pharmacien indépendant respectait les règles en vigueur. Le métier de pharmacien n'est pas un métier comme un autre. Une officine pharmaceutique n'est pas un commerce et le patient y bénéficie de l'expertise reconnue du pharmacien. Le périmètre vérifié de l'activité d'un service d'enlèvement de colis, dans un local séparé de son officine, est par conséquent un service supplémentaire sérieux et rigoureux", souligne le groupe MR."Cette situation particulière de Mr Staquet met en lumière l'indispensable soutien et le respect qu'il faut apporter aux pharmaciens indépendants face aux grands groupes et chaînes pharmaceutiques. Sans opposer les uns aux autres, mais sans restreindre la liberté d'action des indépendants et en garantissant le respect des règles en vigueur", estime Caroline Taquin, députée fédérale. "C'est pourquoi j'interrogerai la Ministre de la santé dès la rentrée parlementaire sur la question, ajoute-t-elle. Il est essentiel d'apporter des mesures de soutien face à l'évolution de l'accessibilité aux produits de santé et de parapharmacie (achat en ligne, superficie d'exploitation, conditions de réception, stockage et distribution des produits...). Et de répondre notamment aux questions suivantes: Quelles sont les assurances sur les conditions de transit, envoi-livraison, de médicaments et produits de santé? Quelle diversité de services et de vente de produits en ligne? Quels contrôles?".