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Une agence européenne qui s'ouvre en direct aux questions du grand public, c'est assez rare pour être souligné. Et pourquoi l'EMA (Agence européenne des médicaments) organise-t-elle une réunion publique (en ligne) ce vendredi 11 décembre? "Pour une raison relativement simple: les gens ont besoin d'information et de transparence", répond le Pr Jean-Michel Dogné, directeur du département de Pharmacie de l'UNamur, expert à l'AFMPS, à l'EMA et à l'OMS, et membre de la Taskforce fédérale pour l'organisation de la logistique, le plan de vaccination et les recommandations pour la communication."Au même titre que Pierre Van Damme (Centrum voor de evaluatie van vaccinaties, UA) et moi sommes assaillis de questions parce que nous sommes des références scientifiques dans le cadre de la taskforce, les gens ont besoin de savoir d'où viennent les informations et comment on peut les expliquer. C'est très difficile parce que, même si les informations sont données dans un langage relativement accessible, elles peuvent être techniques. Donc, il est important d'avoir une conférence ouverte où on peut réexpliquer les choses en live, de façon plus explicite, par souci de transparence".Cette réunion du 11 décembre n'a bien sûr pas pour objectif de dévoiler le contenu des dossiers. "Ce sera 'léger' pour atteindre l'entièreté de la population et les publics différents qui souvent ne savent pas ce qu'est l'Agence européenne des médicaments. Or, on en parle beaucoup pour l'instant, il est donc important pour l'EMA de se positionner en terme d'agence ouverte et transparente avant que les vaccins n'arrivent".L'objectif de l'EMA est d'abord d'expliquer comment les dossiers sont évalués, que la rigueur et la qualité sont de mise pour analyser les données sur les études non cliniques et cliniques et que la surveillance va continuer lorsque les vaccins seront sur le marché.Ne pas hésiter, s'informer Tout ce souci de communication large a bien sûr en point de mire l'hésitation vaccinale. Fournir une information étayée et transparente à tous les niveaux est un outil essentiel pour faire des choix éclairés. "La vaccination est gratuite et non obligatoire c'est à dire que chaque personne, à titre individuel, pourra, sur base des conseils reçus des professionnels de la santé et éventuellement des médecins, pharmaciens ou tout autre personne, décider de se faire vacciner ou pas. On espère juste qu'ils n'iront pas prendre cette information sur Facebook...", ajoute le Pr Dogné."C'est aujourd'hui un défi pour nous tous, car les informations peuvent venir de sources très variées. Il est urgent que le public puisse savoir quelles sources d'information sont fiables. Il faut pour cela que nous présentions nos données de manière transparente, pour prouver que nous n'avons rien à cacher. (...) Nous avons l'intention de poursuivre ce dialogue, et de lutter contre la désinformation, en montrant que nous sommes LA source d'information fiable sur ces vaccins. Notre objectif est de fournir des données fiables, pour que le public puisse avoir confiance en ces vaccins. Nous n'avons aucun autre intérêt", explique aussi Emer Cooke, directrice de l'EMA, dans Le Soir (9 décembre). À venir Dans le même ordre d'idée, en Belgique, la cellule de communication présidée par Yvon Englert travaille actuellement sur une série de questions et réponses (Q&A) en collaboration avec l'AFMPS et la Taskforce. Signalons encore que le Pr Dogné qui ne ménage pas ses efforts pour informer au mieux ses confrères pharmaciens, médecins généralistes et spécialistes, compte aussi organiser des conférences dès qu'une autorisation de mise sur le marché sera accordée et les données publiées par l'EMA. L'occasion de décortiquer des données qui sont parfois pour le moins hermétiques: "Je suis dans ce domaine depuis 15 ans mais, je n'y serais pas, je me demanderais qui décide, qui fait quoi... L'objectif de mes présentations est de clarifier tout cela et de répondre aux demandes à n'en plus finir. Il y a vraiment un besoin d'information", reconnaît-il.