Un mode alimentaire végétarien varié peut fournir les nutriments nécessaires tout au long du cycle de vie, moyennant le respect de certaines modalités. Le CSS fait des recommandations spécifiques, en fonction du type d'alimentation, pour les populations les plus vulnérables: femmes enceintes et allaitantes, nourrissons, enfants, adolescents et personnes âgées.
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Dans son avis sur l'alimentation végétarienne (1), le Conseil supérieur de la santé a pointé les besoins particuliers par groupe d'âge spécifique: femme enceinte et allaitante, nourrissons et enfants non allaités (0-3 ans), enfants de plus de 4 ans et adolescents, et personnes âgées. Comme l'a rappelé le Pr Philippe Goyens (Huderf) lors du Congrès de nutrition et santé (2), chez la femme enceinte et allaitante, tous les besoins nutritionnels sont augmentés. Il convient donc d'avoir une attention particulière pour les protéines nécessaires à la construction, les oméga 3 ayant un impact sur le développement cérébral du foetus, les suppléments recommandés pour couvrir les besoins augmentés en vitamine B12, vitamine B9, vitamine D, fer et zinc. Pour le CSS, le régime végan n'est pas recommandé aux femmes enceintes ou allaitantes, ni aux nourrissons et aux enfants en bas âge parce qu'il ne permet pas de couvrir leurs besoins. Si on opte malgré tout pour cette alimentation très restrictive dans l'une de ces situations sensibles, un suivi strict par un professionnel de la santé est indispensable. Plus un sujet entre ou passe en phase de croissance ou de développement, plus ses besoins physiologiques changent, ses apports alimentaires nécessitent une adaptation individuelle réitérée. Voilà pourquoi le CSS incite à faire appel à un professionnel de la santé et notamment à un diététicien pour évaluer régulièrement les apports chez les jeunes enfants soumis à ce type de régime. Pour les nourrissons et enfants de moins de 3 ans, il recommande bien sûr l'allaitement maternel ou des substituts adaptés aux besoins selon l'âge et invite à la plus grande prudence avec les boissons végétales inadaptées du point de vue nutritionnel et contenant parfois des substances indésirables. Quand l'enfant grandit et jusqu'à l'adolescence, il faut assurer les besoins spécifiques à la croissance: calcium et vitamine D (2 à 4 portions de produits laitiers), augmenter les apports en fer à la puberté (x1,8) et l'apport en protéines. Sans oublier de complémenter systématiquement pour la vitamine D et en cas de restrictions plus importantes. Chez les personnes âgées, il convient de lutter contre la fonte musculaire progressive (exercices physiques et consommation suffisante de protéines). Comme les besoins énergétiques diminuent progressivement avec l'âge, mais que les besoins en nutriments restent inchangés voire augmentent, la densité nutritionnelle de l'alimentation doit s'accroître au fil des ans. On veillera à la prévention ou à la stabilisation de l'ostéoporose en assurant une prise suffisante de calcium et de vitamine D. Vu l'atrophie gastrique fréquente, un complément en vitamine B12 est indispensable chez les végans et les végétariens déficitaires. Pour s'y retrouver, un guide belge donne des clés aux professionnels de la santé qui sont parfois démunis pour conseiller ces familles. "Les végétarismes chez l'enfant, l'adolescent, la femme enceinte et allaitante", de Céline Lefebvre et Charlotte Nicolas, diététiciennes formées par le Conseil européen des diététiciens de l'enfance (CEDE), permet d'évaluer si ceux qui suivent les différents types de végétarisme atteignent les recommandations nutritionnelles. (3) "La population ne doit pas hésiter à poser des questions à des professionnels de la santé reconnus. Devenir végétarien ne consiste pas uniquement à supprimer la viande, il y a des compensations à faire et certainement pendant les périodes de croissance. Aujourd'hui, les gens sont en général bien informés, notamment sur la nécessité d'une supplémentation en vitamine B12, c'était moins le cas il y a quelques années. Cependant, tout l'équilibre alimentaire peut avoir un impact à court, moyen et long terme", indique Charlotte Nicolas. Autre conseil: ne pas juger ces parents et essayer de maintenir la communication. "Ils ne viennent pas pour être convaincus du contraire, mais pour obtenir des conseils en restant dans leur philosophie. Il faut les informer des risques et leur proposer les solutions qui vont permettre de couvrir les besoins, notamment des enfants. Cela peut s'apparenter à une alimentation médicalisée et nécessite un contrôle plus régulier, ce qui est parfois difficile à accepter par ceux qui veulent consommer des aliments plus naturels..." "On entend souvent dire que quel que soit l'état nutritionnel de la maman pendant la grossesse ou l'allaitement, l'enfant va croître d'une manière normale: ce n'est malheureusement pas vrai pour tous les nutriments. Si elle a une grosse carence en vitamines B12, son lait n'en contiendra pas ou pas suffisamment. C'est le cas aussi pour les besoins en DHA, essentiel pour le développement du cerveau. La maman doit donc en consommer (poissons gras, oeufs de poules nourries avec des graines de lin...) et, si elle est végétalienne, il faut un complément alimentaire". L'iode est un autre nutriment clé pendant la grossesse et les premiers mois de vie. "On en retrouve dans les oeufs, le lait, les produits d'origine marine. Pour les végétaliennes, il reste les algues or, elles sont déconseillées pendant la croissance et les périodes fragiles parce qu'elles sont souvent contaminées par des métaux lourds. Il reste donc le sel iodé, mais ce n'est pas suffisant, il faut un apport extérieur en iode. Les femmes enceintes et allaitantes doivent donc être suivies au niveau médical et nutritionnel, en parallèle", insiste Charlotte Nicolas.